1975/05/01

CARNETS A DESSIN


Sketch book by Michel Saloff Coste

"TOUS CES GENS QUI COURENT VERS MOI"


Entre 1970 et 1980 j'avais l'habitude de m'exprimer dans des petits carnet à dessins auxquelles
j'ai confié mes pensées, mes poèmes et mes dessins de vie.
Il y en a environ 30 carnets de cette époque.

*******

Between 1970 and 1980 I used to illustrate little sketch books showing my thoughts,
my poems and drawings telling my life.
There are about 30 sketch books of this kind from these years.

*******

Zwischen 1970 und 1980 habe ich regelmaessig Skizzenbuecher verwendet, um meine
Gedanken, Ueberlegungen, meine Gedichte und meine Zeichnungen festzuhalten.
Es bestehen ca. 30 dieser kleinen Buecher aus dieser Zeit.

*******



--
Envoyé par nextedition dans MICHEL SALOFF COSTE GALLERY le 5/24/2012 02:01:00 AM

1975/01/01

1975



Suite des études à l'ENSBA et à l'Université de Vincennes. Première exposition personnelle dans le cadre de la Galerie Françoise Théret à Paris de vingt peintures à l'huile sur toile. Exploration des œuvres de Jean Baudrillard, Félix Guattari, Claude Lévi-Strauss, René Guénon, Mircea Eliade, Carlos Castaneda, Ivan Illich, Michel Foucault. C'est au cours de cette année que ma vision du monde, que l'on pourrait appeler "moderne", éclate en morceaux ; des morceaux dont, depuis, j'ai perdu un certain nombre. Je comprends alors que la modernité est morte, il y a déjà longtemps, sans doute quelques années après ma naissance. 

Comment appeler ce chevauchement de tous les temps et de tous les espaces ? 

Comment désigner l'éclatement et la relativisation de tous les systèmes de représentation les uns par les autres et la fin de l'illusion d'un métadiscours. Après une période semi figurative, ma peinture devient de plus en plus abstraite et expressionniste." 



l'huile sur toile. Exploration des œuvres de Jean Baudrillard, Félix Guattari, Claude Lévi‐

 Anniversaire à Montbard le 28 juin 1975 avec de gauche à droite : Olivia, Michel, Patrick, Jean Louis, Patrick, Raphael, Inna.



-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



POESIE



8 Février 1975

Je voyage

Mais le paysage où je voyage reste.

Il reste à travers tout une harmonie,

A mesure que s'accumulent les mondes,

C'est là où tout se retrouve.

C'est là où je te retrouverai toujours

..... éternellement

 

Avril 1975

Il y a des choses que l'on ne peut qu'écrire, 

Et il faut limiter petit à petit

Ce qu'on écrit à celles là.

Il y a des choses

Que l'on ne peut que peindre

Et ce sont elles seules qui méritent

D'être peintes.

C'est le seul moyen d'enlever

Tout alibi plastique à la littérature

Et tout alibi littéraire à la peinture

C'est le seul moyen de rendre

Immédiatement coloré

Ce que l'on écrit,

Et immédiatement lisible

Ce que l'on peint

 

5 Juillet 1975

 Surtout le soir quand il pleut

Dehors, la chambre se peuple

De corps blancs aux hanches

Entrouvertes comme des portes,

Et emboîtées comme des boites marines

Mes yeux parcourent des chemins

De courbe. Et une chaleur

Profonde monte au fond de ma poitrine.

J'attends le soir avec une attention soutenue. 

Comme si chaque seconde

Etait un grain de sable qui

S'effilochait de mon cerveau.

Et la nuit tombe comme un couvercle

Sur un faire-part noir et rose.



-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


PEINTURE
















------------------------------------------------------------------------------------------------------------




Strauss, René Guénon, Mircea Eliade, Carlos Castaneda, Ivan Illich, Michel Foucault. C'est

CAHIER 

Août 75 

 

PARANOIA POSITIVE ; Élaboration d'un nouveau mode d'être.

-Conceptualisation.

-territorialisation

-intériorisation de l'expérience

-objectivation du mode d'être

-développement de l'objectivité

-recherche de l'existant

 

SCHIZOPHRENIE POSITIVE: Plonger dans de nouveaux modes d'existence.

- expérimentation

-déterritorialisation

-relativisation des concepts anciens

-développement de la subjectivité

-recherche de l'Être

 

PARANOIA NEGATIVE : Crispation sur un mode d’être 

- refus des modes d'existence en tant que lieux d'expérience.

-tendance à trouver constamment que le mode d'existence est persécuteur.

-refus de la subjectivité

-errance dans le non existant

 

SCHIZOPHRENIE NÉGATIVE : Abandon au flux disjonctif des modes d'existence

-dislocation du mode d'être

-perte de la notion du moi

-refus de l'objectivité

-errance dans le non être.

 

Il est intéressant de voir que la schizophrénie positive et la paranoïa positive se différencient essentiellement de celles considérées comme négatives par le lien qu'elles ont avec la réalité.

 

La schizo négative n'apparait habituellement que dans la mesure où l'individu se déconnecte de la réalité, ou plutôt n'essaye pas de trouver cette trame entre toutes choses qui nous permet de distinguer la réalité.

Il tombe alors le flux informel qui produit toute réalité. Il est de tous les temps, de tous les êtres, et perd son moi.

 

Si la schizo négative est en quelque sorte évaporation, le para négatif est condensation excessive : Une condensation du moi sur lui-même. Une crispation convulsive sur la "réalité" qui correspond à ce moi.

Un refus systématique de vivre tout autre "réalité" que cette réalité concentrationnaire.

 

Il faut distinguer :

La schizo positive de l'être par expérimentation de multiples modes d'existence.

La schizo négative de l'être qui se disloque et met l'être en errance aveugle sous l'aiguillon des modes d'existence.

La I° aboutit à une intériorisation plus large de la substance, l’autre à un abandon au flux disjonctif de l’existant ; le mode d'existence n'est plus intériorisé, il imprègne tout

l'être.

 

De même, il faut distinguer : la paranoiaquisation P. du mode d'existence par objectivation du mode d'être, et la paranoiaquisation N. au mode d'existence par projection du moi persécuteur sur le monde extérieur.

 

La I° aboutit à la production d'objets rendent compte du mode d'être. L'autre À la transformation fantasmique de la réalité extérieure en grande persécutrice

 

La schizo. P. efface le moi, l’épure jusqu’à l'essence de l'être, tandis que l'autre, négative, l'enfonce dans le chaos du non-être.

La pera.P. amène le moi à se sécuriser en s'objectivant et en élargissant existentiellement tandis que l'autre négative, amène le moi à se crisper sur lui-même, en se mettant dans une insécurité le plus en plus grande.

 

La paranoïa positive renforce la possibilité de schizo.P. La paranoïa nie la schizo .N.

 

A) Il me semble que la Schizo. N. se produit lorsque la subjectivation du mode d'existence devient difficile.

B) et la paranoïa N. lorsque l'objectivation du mode d'être devient difficile.

 

A) La subjectivation du mode d'existence est difficile veut dire :

Mode d'existence trop changeant paramètre trop complexe, mode d'existence non pré intériorisé par le culture.

L'individu se sent alors perdu dans le sens où son moi n'arrive plus à se définir, le mode d'être devient flou dans la mesure où il est intériorisation du mode d'existence et que cette intériorisation ne se fait plus.

 

B) L'objectivation du mode d'être est refusé à l'individu veut dire :

L'individu n'arrive plus à exister pour les autres.

Le regard des autres le saisit comme différent de ce qu'il estles autres refusent systématiquement qu'il fasse exister ce qu'il est.

Intérieurement il ressent un fossé immense entre lui et les autres ; entre sa manière de se saisir lui, et la manière dont se saisissent de lui les autres.

Les autres semblent vouloir constamment le nier, l'anéantir, dans la mesure où il ne "voit" pas son être.

 

Qu'est ce qui peut rendre l'objectivation ou la subjectivation difficile ?

Ce peut être les autres ou le sujet lui-même.

 

SHIZOPHRENIE.

 

Les autres, la société, dans la mesure où elle va se complexifier, devenir inconceptuelle, la culture en effritement, seront un terrain à la schizophrénie négative et à la schizo positive.

 

Mais aussi l'individu, dans la mesure où il met en pratique une paranoïa positive. Car cette paranoïa, cette objectivation de son mode d'être va constamment le plonger dans de nouveaux modes d'existence, non intériorisée.

 

Devant ces nouveaux modes d'existence, il lui faudra toujours, de nouveau choisir entre : soit une schizophrénie positive, élargissement de l'être au niveau du mode d'existence, soit une schizophrénie négative, déconnectage du mode d'existence, et dissolution du mode d'être.

 

 

 

 

PARANOÏA.

 

La société, les autres, dans la mesure où ils tendent à empêcher l'individu de s'exprimer, de faire exister son être.

 

Le sujet, dans la mesure ou à travers une schizophrénie positive, il va intérioriser de nouveaux modes d'être non encore objectivés.

Car dès lors, il va se trouver en casseur par rapport à tout ce qui l'entoure, ce qui tendra à nier de nouveaux modes d’être.

L'objectivation de ces nouveaux modes d'être sera d'autant plus difficile qu'il n'aura pas de précèdent. L'individu aura alors à choisir entre une paranoïa de fuite négative, en n’objectivant pas son mode d’être, ou une paranoïa positive et constructive en l’exprimant.

 

Il faut différencier :

les opérations factices, fantasmiques entre l’Être et l’Existant :

                 Projection du monde intérieur sur le monde extérieur.

                Imprégnation du monde intérieur par le monde extérieur. 

 

et les opérations authentiques réelles :

                 Objectivation du monde intérieur dans le monde extérieur.

                 Subjectivation, conceptualisation du monde extérieur dans le monde intérieur.

 

Les opérations factices ont la caractéristique de se faire toujours de manière inconsciente en deçà du sujet, de le machiner, de l'assujettir.

Elles tissent les chaines illusoires qui enchainent pourtant réellement chacun de nous.

Les opérations authentiques ne se font au contraire que par la volonté du sujet. Elles sont le lien et le moyen de sa liberté, le moyen de sortir de son assujettissement, de se poser en tant que sujet réel.

 

Le paranoïaque, c'est simplement un individu normal qui cesse de lutter contre ses fantasmes de persécution et laisse son monde intérieur d'homme normal, moderne, rétroactif, coupable, se déverser sur le monde extérieur et le noircir.

 

Le schizophrène c'est simplement un individu normal qui cesse de lutter sans cesse pour préserver son moi au milieu du devenir schizophrénique du monde moderne.

 

L'individu normal, c'est un individu qui refoule le jeu schizoïde du socius, et rejette aux tréfonds de son conscient les fantasmes de persécution que produit ce refoulement de son expérience.

 

L'individu moderne est névrosé, territorialisé artificiellement dans son œdipe, dans ses idées préconçues, dans sa "réalité" de prisunic.

L'effritement disjonctif du monde moderne, son angoisse grandissante de perdre pied, augmente les poussées schizoïdes en lui et sa tendance à la paranoïa. Pour s'en sortir, il n'a comme solution que d'être le plus absent a lui-même.

Il s'accroche aux conceptualisations et aux objectivations toutes prêtes.

Et par un terrible catharsis, s'y tient.

Contre tout bon sens, il sera accroché à cette soi-disant "réalité". Pendant ce temps, il sera machiné, assujetti par la machine, par son inconscient jusqu'à en crever.

 

A mesure que le socius se schizophrénise, la seule solution est celle du créateur, du "génie" au sens propre du terme.

C'est à dire vivre sa paranoïa et sa schizophrénie mais d'une manière positive : en s'exprimant, en objectivant son monde intérieur dans le monde extérieur - développement de l'expression - et en faisant un énorme effort pour l’intérioriser ; et conceptualiser le jeu de plus en plus complexe de la substance du monde. (Sans jamais prendre le concept pour la réalité)

 

Alors par ce double processus d'objectivation et de subjectivation l'individu prend conscience des "machineries" intérieures et extérieures qui l'assujettissent.

Il prend pouvoir sur elles.

Il peut découvrir de nouvelles manières d'intérioriser l'Existant, d'exprimer l'Etre.

 

au cours de cette année que ma vision du monde, que l'on pourrait appeler "moderne", éclate en morceaux ; des morceaux dont, depuis, j'ai perdu un certain nombre. Je comprends alors que la modernité est morte, il y a déjà longtemps, sans doute quelques années après ma naissance. Comment appeler ce chevauchement de tous les temps et de tous les espaces ? Comment désigner l'éclatement et la relativisation de tous les systèmes de représentation les uns par les autres et la fin de l'illusion d'un métadiscours. Après une période semi figurative, ma peinture devient de plus en plus abstraite et expressionniste." personnelle dans le cadre de la Galerie Françoise Théret à Paris de vingt peintures à l'huile sur toile. Exploration des œuvres de Jean Baudrillard, Félix Guattari, Claude Lévi‐ Strauss, René Guénon, Mircea Eliade, Carlos Castaneda, Ivan Illich, Michel Foucault. C'est au cours de cette année que ma vision du monde, que l'on pourrait appeler "moderne", éclate en morceaux ; des morceaux dont, depuis, j'ai perdu un certain nombre. Je comprends alors que la modernité est morte, il y a déjà longtemps, sans doute quelques années après ma naissance. Comment appeler ce chevauchement de tous les temps et de tous les espaces ? Comment désigner l'éclatement et la relativisation de tous les systèmes de représentation les uns par les autres et la fin de l'illusion d'un métadiscours. Après une période semi figurative, ma peinture devient de plus en plus abstraite et expressionniste."