2011 02 19 MICHEL SALOFF COSTE VERS UNE ENTREPRISE INTEGRALE ? UNIVERSITE INTEGRALE 11 from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.
9h10-9h45 Michel Saloff Coste, Les enjeux de l’entreprise élargie et intégrale dans la période de transition actuelle.
Chers amis,
Le Club de Budapest France a le plaisir de vous convier à la onzième journée de l'Université Intégrale, sur le thème :
« Vers une entreprise intégrale ? »
Samedi 19 février 2011
de 8h30 à 17h30
Forum 104
104 rue de Vaugirard, 75006 Paris Métro Montparnasse, Duroc ou St Placide
Dans notre monde en transition, l’entreprise est aujourd’hui au cœur du questionnement : sa finalité, sa responsabilité, les valeurs qui l’animent, tout ceci sera vraisemblablement redéfini au cours de la décennie à venir. Comment accompagner cette mutation, nécessaire et difficile ?
Les entreprises du 20e siècle ont été fortement marquées par des préoccupations et des intérêts essentiellement économiques et rationnels avec des stratégies largement dominées par la nécessité de résultats trimestriels et donc par le court terme. Cette vision étroite de l’entreprise est directement liée à la pression qu’exercent les investisseurs, les « shareholders » avec leur exigence de retour rapide sur investissement.
Ce tropisme qui s’amplifie jusqu’aux crises écologique, sociale et économique du début du 21e siècle interroge radicalement les entreprises sur leur capacité à continuer à créer de la richesse économique à partir de ressources non renouvelables et collectives, donc également sur leur responsabilité sociétale et écologique. Un film comme « The Corporation », qui a été largement diffusé, montre bien comment cette vision de l’entreprise justifie des comportements qui sont souvent responsables des crises que nous traversons aujourd’hui et qui de ce fait remettent en question la vision classique et rationnelle du progrès.
L’entreprise du futur ne pourra plus fonctionner uniquement selon cet ancien paradigme, créateur de désarroi émotionnel. Il lui faudra se positionner de plus en plus face à des enjeux à moyen et long terme, écologiques, sociaux et spirituels.
Aujourd’hui l’entreprise est amenée à considérer l’ensemble de ses partenaires ou parties prenantes, les « stakeholders » !
Ce nouveau défi relève de ce que nous appelons l’entreprise élargie ou «entreprise intégrale».
Derrière cette évolution se dessine :
• une entreprise capable de penser rationnellement mais dotée aussi d’une véritable intelligence collective, émotionnelle et de sens.
• une entreprise qui replace l’humain et son épanouissement au cœur de sa stratégie, et considère cette ressource comme un facteur-clé de créativité et d’innovation.
• une entreprise consciente de sa responsabilité écologique et des impacts négatifs sur la biosphère qu’elle ne saurait faire porter à la collectivité et aux générations futures.
• une entreprise qui soit en mesure de concevoir son business model et ses processus de production dans le respect total du « capital naturel » qu’offre notre planète.
Capable de dégager du profit autant que de traiter humainement ses clients et ses collaborateurs, cette entreprise intégrale aurait le souci de progresser en harmonie avec le Vivant.
Si la plupart des entreprises sont encore loin de ce nouveau modèle, la mutation est en cours et depuis déjà quelques décennies des réflexions et initiatives totalement nouvelles se déploient.
L’Université Intégrale qui a pour vocation d’accompagner et de stimuler ces mutations est heureuse de vous présenter ces initiatives et ces nouveaux acteurs qui élaborent l’entreprise de demain
Cette journée a été conçue et réalisée par Carine Dartiguepeyrou, Michel Saloff Coste, Bénédicte Fumey, Caroline Guidetti, et Dominique Marty du Club de Budapest France.
Veuillez trouver ci-dessous :
- le programme de la journée
- la liste des intervenants
- les modalités d’inscription
Programme
8h30 Accueil
Introduction musicale avec Fredy Berthonneau
9h00 Introduction à la journée par l’équipe organisatrice avec Justine Caulliez (réveil corps-esprit)
9h10-9h45 Michel Saloff Coste, Les enjeux de l’entreprise élargie et intégrale dans la période de transition actuelle. Le cas d’Alter Eco.
En guise de préparation à ces premiers échanges, nous vous invitons à écouter la vidéo d’Eric Garnier « L’exigence du développement durable» en ligne sur le blog de l’Université intégrale http://vimeo.com/9583571
9h45-10h15 Co-création du SWOT de l’Entreprise (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) , Etat des lieux qui sera notre FIL ROUGE. Tout au long de la journée, les participants seront invités à proposer des éléments d’évolution et d’enrichissement qui seront projetés en direct sur écran.
10h15-10h30 : La RSE en action : échanges avec Solen, la RSE en action, Altereco et les peuples d’Amazonie
10h30-10h45 Pause
10h45-11h Musique Fredy Berthonneau
11h-12h00 Table ronde animée par Bénédicte Fumey et Gérard Schoun: Les nouveaux contours de la responsabilité sociétale de l’entreprise et du développement soutenable avec Bernard Benattar, Jacques Huybrecht, Jacques Giraud, Sabine Devlieger, Gérard Schoun.
En guise de préparation à cette table, nous vous invitons à écouter la vidéo d’Elisabeth Laville sur « Les évolutions de l’entreprise en matière de RSE » en ligne sur le blog de l’Université intégrale : http://vimeo.com/album/150852
Mise en mouvement avec Justine Caulliez
12h00-13h00 Déjeuner bio et végétarien
13h00-14h15 : Table ronde animée par Bénédicte Fumey et Caroline Guidetti : Les démarches actuelles qui contribuent à rendre l’entreprise plus intégrale , plus écologique avec Daniel Joutard, Margot Borden, Caroline Gervais, Stéphane Riot, Guillaume Hermitte.
14h15-14h30 : Intermède musical avec Fredy Berthonneau
14h30-15h45 : Table ronde animée par Carine Dartiguepeyrou et Dominique Marty : Comment l’entreprise peut développer son intelligence sociale et émotionnelle et gagner en humanité avec Danièle Darmouni, Isabelle Desplats, Edel Gött, Francis Kretz, Philippe Le Roux, Olivier Réaud.
Mise en mouvement avec Justine Caulliez
15h45-16h15 Pause
16h15-17h30 Table ronde animée par Michel Saloff Coste: De la micro-économie à la macro-économie, les enjeux d’une économie plus solidaire avec Jean-Marc Borello, Alain Arsoneau, Carine Dartiguepeyrou, Cyril Dion, Thanh Nghiem, Alexandre Rojey, Martine Roussel-Adam.
Musique
17h30 Conclusion du Fil Rouge ( SWOT) et présentation de l’actualité du Club de Budapest et des prochaines universités intégrales
17h40 Fin de la journée
Eric Grelet, dessinateur, croquera avec humour ses analyses et commentaires des différents interventions.
Sylvie Lefranc, masseuse sera présente tout au long de la journée pour notre bien-être.
Justine Caulliez, intermèdes corps- esprit.
Et Fredy Berthonneau pour les respirations musicales
En guise de préparation à cette journée :
• Le texte introductif préparé par Michel Saloff Coste disponible sur www.universite-integrale.org et en annexe de ce programme
• http://journal-integral.blogspot.com/2011/01/universite-integrale-2-trois-ans-de.html
• The Corporation, film américain sur l’histoire de l’entreprise
Présentation des intervenants
Alain Arsoneau : co-gérant de Facilitis, entreprise de conseil, formation & recrutement dans les services immobiliers. Alain partagera son expérience concrète d’entreprise intégrale dans une recherche d’épanouissement collectif, de réalisation personnelle et professionnelle où le plaisir est associé au travail.
Bernard Benattar : psychosociologue et philosophe du travail, fondateur de l’Institut Européen de Philosophie Pratique (Penser ensemble). Bernard témoignera du rôle de la philosophie en entreprise et comme médiation entre les intelligences et les sensibilités.
Fredy Berthonneau, musicien multi-instruments, fondateur du Festival « Le rêve de l’aborigène » et du groupe DIDJABO, il puise son inspiration dans les musiques traditionnelles des peuples du monde (Aborigène d'Australie, Mongolie, Afrique, Inde...). Il crée sa musique à partir d'un ensemble d'instruments envoûtants, (Didgeridoo, Harmonium, guimbarde, percussions, chant diphonique, chant indien, flûte...), qui nous entraîne dans un monde méditatif et un esprit festif.
Margot Borden : psychothérapeute et consultante en entreprise, professeur à Antioch University MC Gregor (USA). Elle témoignera de la manière dont elle aide les entreprises à adopter un marketing plus respectueux de l’humain.
Jean-Marc Borello : délégué général Groupe SOS/Président du directoire Groupement d'associations et d'entreprises, le Groupe SOS intervient dans les secteurs du sanitaire, social et médico-social, de l'éducation, de l'insertion, de la presse, du commerce équitable et du développement durable. Sans but lucratif, cette organisation s'est construite sur des valeurs de solidarité et de laïcité. Dans la logique de l'entreprenariat social, elle met son professionnalisme et sa capacité d'innovation au service d'un monde plus respectueux de l'humain.
Justine Caulliez : Co-fondatrice de l'association Terre de Conscience, Formatrice en communication et développement personnel. Accompagnatrice via l'écoute bienveillante, le coaching de vie, le massage. Diplômée en management international en France et au Mexique, Coach certifiée, Professeure de Kundalini Yoga. Elle animera les intermèdes corps-esprit de la journée.
Danièle Darmouni : fondatrice et présidente de International Mozaik, école du devenir, Membre créatif du Club de Budapest France. Elle est le co-auteur des livres « La supervision des coachs » (2010) et « Artisans du devenir » (2011). Danièle témoignera de son engagement à proposer des formations et du coaching prenant en compte les différentes dimensions de l’être.
Carine Dartiguepeyrou : présidente du Club de Budapest France, coordinatrice du livre « Prospective d’un monde en mutation » (L’harmattan, 2010) et co-auteur des livres « Le dirigeant du 3ème millénaire » (2006), « Le DRH du 3ème millénaire » (2008, 2010) et « Visions de femmes DRH sur un monde en pleine transformation » (mars 2011). Elle évoquera le Colloque international sur les monnaies sociales et complémentaires (Lyon Février 2011).
Isabelle Desplats : formatrice en sociocratie et membre fondatrice du Mouvement des Colibris. Elle nous parlera des enjeux de la gouvernance intégrale, de la sociocratie et de la communication non violente.
Sabine Devlieger : psychopédagogue, psychologue clinicienne, coach et formatrice en entreprise. Fondatrice d’Humanissimo : recherches et solutions face à l’origine relationnelle de la souffrance au travail. Elle enrichit son approche par les neurosciences et l’étude des primates et nous parlera de son concept, le « grooming humain ».
Cyril Dion : directeur du Mouvement des Colibris, initiateur du laboratoire des entreprises Colibris.
Bénédicte Fumey : membre du Club de Budapest France, elle a un parcours de cadre international en marketing dans les TIC . Passionnée par le développement durable, elle mène depuis plusieurs années des recherches concernant les mutations sociétales en cours, notamment en économie et en politique ; elle nous parlera des apports du « capitalisme naturel »
Caroline Gervais : directrice The Natural Step France. Elle nous parlera de la démarche systémique, stratégique et participative de TNS qui permet aux entreprises et collectivités territoriales d’intégrer la perspective développement durable à leur cœur de métier, à leur stratégie et de la décliner dans tous les champs où cette compétence devient nécessaire.
Jacques Giraud: membre de la Fondation Hourdin, représentant du Pacte Civique pour le chantier RSE.
Edel Gött : directrice générale et fondatrice de Recherches & Evolution, école des leaders éthiques. Elle nous parlera des démarches pour aider les individus à devenir des leaders éthiques. Auteur « Now or never, l’urgence d’agir (louise courteau, 2010).
Eric Grelet : dessinateur. Eric est co-animateur de nos journées de l’Université intégrale.
Caroline Guidetti : co-fondatrice du Club de Budapest France, enseignante en développement durable et journaliste (émission Ressources sur la radio Ici et Maintenant). Caroline explore les liens entre le développement durable et le développement de la personne (Sciences cognitives, thérapie, spiritualité), vers une « Evolution désirable ».
Guillaume Hermitte : nouvellement diplômé de l’Essec (2006), Guillaume a lancé une entreprise de chocolat « Choc’éthic » (de l’importation à la dégustation) partageant des valeurs de solidarité. Il témoignera de son engagement en tant qu’entrepreneur social.
Jacques Huybrechts : président de l’organisation « les entrepreneurs d’avenir ». Il nous présentera les valeurs et concepts clé des Entrepreneurs d’Avenir au travers la charte fondatrice.
Daniel Joutard : fondateur de l’organisation « Savoirs des Peuples », président de l’entreprise « Aïny » (produits cosmétiques aux plantes sacrées). Il nous présentera sa vision du rôle de l’entreprise comme une entité permettant un échange de savoir mutuellement harmonieux et enrichissant entre les peuples.
Francis Kretz, a effectué une enquête auprès de femmes et d’hommes sur les valeurs féminines et masculines et le management de la mixité des équipes et des individus. Il nous parlera du jeu des qualités féminines et masculines pour l’entreprise performante du futur. Ancien dirigeant de France Télécom-Orange, il mène actuellement une seconde carrière de coach d’entreprise.
Sylvie Lefranc : masseuse ayurvédique, fondatrice de « Chandrakanti Tara-Massages ayurvédiques », ancienne Chargée de mission au ministère de l’Ecologie. Elle sera présente et disponible tout au long de la journée pour ceux qui souhaitent être massés.
Philippe Le Roux : fondateur et dirigeant de Key People, société de conseil et de formation au service des états-majors d'entreprises apprenantes. Il anime depuis longtemps des clubs de réflexion pour les dirigeants.
Dominique Marty : membre du Club de Budapest France, psychologue, coach et consultante RH. Elle audite les entreprises pionnières dans le domaine de l’innovation sociale et de la dynamique féminin/masculin, forme émergente très prometteuse d’intelligence collective.
Thanh Nghiem : fondatrice d’Angénius, auteur du livre « Des abeilles et des hommes » (2010). Elle nous parlera de l’économie du don au service de l’intelligence collective.
Olivier Réaud : fondateur du cabinet de conseil en management collaboratif In Principo. Olivier nous dressera un panorama de la pratique du collaboratif au sein des entreprises et des manières de créer plus de collaboration au sein des entreprises.
Stéphane Riot : fondateur de Noveterra, membre fondateur de l’association Biomimicry France. Il nous parlera de la démarche qu’il a développé pour accompagner les individus et les entreprises dans leur changement de conscience vers la durabilité.
Alexandre Rojey : initiateur du groupe de réflexion réseau inter-entreprises IDées (recherche et prospective) de la Fondation Tuck, auteur du livre « L’avenir en question » (Armand Colin, 2011). Alexandre témoignera de son implication à construire des visions prospectives de l'énergie et du monde de demain, en reliant les différents acteurs concernés.
Martine Roussel-Adam : présidente du Fonds Ashoka, présidente du Comité d’investissement Phi Trust Partenaires, Présidente Fondatrice de Chemins d’Enfances, Membre d’honneur du Club de Budapest France. Elle témoignera de la finance solidaire et de l’importance des entrepreneurs sociaux dans une économie plus solidaire à construire.
Michel Saloff-Coste : co-fondateur du Club de Budapest France et initiateur des journées de l’Université intégrale, chercheur, peintre, consultant. Auteur de plusieurs livres de management dont « Le management du 3ème millénaire » (2008 pour la dernière édition), « Trouver son génie » (2005) et « Le dirigeant du 3ème millénaire » (2006).
Gérard Schoun : expert en Responsabilité Sociétale des Organisations, partenaire de Vigeo (leader européen de la mesure de la RSO), auteur de plusieurs ouvrages dont en 2010 « Tu seras un leader, ma fille» (essai sur la notion de leadership responsable) et « Entrons dans le management d’après » (description d’un management adapté au monde de l’après-crise.
Solen fondatrice de Yogash, représentante de Pur Projet et partenaire d'AlterEco : la RSE en action auprès des Peuples d'Amazonie
Modalités d’inscription
Tarifs :
Particuliers : 150 € (100 € pour une inscription avant le 1 février 2011)
Entreprises : 300€ (200€ pour une inscription avant le 1 février 2011)
Ce budget intègre le repas bio végétarien.
Des bourses et des prix préférentiels sont envisageables (étudiants, personnes en difficulté financière). Nous vous invitons à nous écrire pour que nous étudiions cela ensemble.
Les recettes des journées servent à couvrir les frais (réservations de salle, nourriture, coûts d’organisation)
Pour vous inscrire :
Envoyez votre règlement par chèque, à l'ordre du "Club de Budapest", accompagné de vos noms, adresse mail et coordonnées postales à l'adresse suivante :
André COPIN, 51 bis Avenue des Boulards 45500 GIEN
En parallèle, il est nécessaire d’envoyer un mail de confirmation d'inscription à : universite.integrale@gmail.com
Si vous souhaitez être référencé(e) sur le blog de l'Université Intégrale : http://www.universite-integrale.org, nous vous invitons à joindre à votre mail de confirmation votre courte biographie (15 lignes max), avec une photo.
Bien cordialement,
Le Club de Budapest France
contact@clubdebudapest.org
http://clubdebudapest.org
Si vous ne souhaitez plus recevoir nos actualités, merci de nous envoyer un mail avec la mention "désinscription".
Comment l'entreprise élargie réenchante le monde ? (1)
Dans le cadre de la onzième journée de l'Université Intégrale qui aura lieu Samedi 19 Février sur le thème : « Vers une entreprise plus intégrale ? » nous proposons ci-dessous des extraits d’un article de Michel Saloff-Coste, co-fondateur de l’Université Intégrale, où l'auteur nous explique : « Comment l’entreprise élargie réenchante le monde ». A lire dans son intégralité sur le blog de l’Université Intégrale.
Michel Saloff-Coste définit de manière synthétique les trois axes du contexte évolutif dans lequel se développe l’entreprise du 21ème siècle. Un axe de durabilité économique, sociale et écologique. Un axe de temporalité, courte, moyenne et longue. Un axe de profondeur qui touche aux dimensions rationnelles, émotionnelles et spirituelles.
Ces trois axes sont interdépendants : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite. L’intrication et l’interaction de ses dimensions nécessitent une nouvelle approche - à la fois systémique et intégrale - des organisations humaines en générale et des entreprises en particulier.
Michel Saloff-Coste a vingt ans d’expérience dans l’accompagnement de dirigeants et d’équipe de direction. Il a développé une méthode originale de coaching stratégique qui articule Développement du Potentiel Individuel (DPI) et Développement du Potentiel de l’Entreprise (DPE). Ses conférences en Europe, en Amérique et en Asie ont touché plusieurs milliers de personnes. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de références dans le domaine du management.
Comment l’entreprise élargie réenchante le monde. Première partie. Michel Saloff Coste
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Rabelais
Dans les temps faciles les esprit mécaniques suffisent mais en période de crise il faut du cœur et même du génie. Charles de Gaulle
Rien n'est plus puissant qu'une idée lorsque son temps est arrivé ! Victor Hugo
J'ai souvent été amené à éclairer les entreprises sur leur futur et leur choix stratégique. Mon expérience m'a montré combien il est difficile de distinguer les vrais enjeux. Face à la métamorphose contemporaine du monde, les entreprises vont devoir profondément se transformer pour pouvoir être légitimes et continuer a créer de la valeur ajoutée.
Le sujet traité dans cet article est la question de l’entreprise élargie : une tendance de fond qui est en train de toucher toute les entreprises en modifiant profondément le rôle futur que peuvent avoir les Ressources Humaines dans les organisations.
Les enjeux des entreprises au cours du XXème siècle ont été souvent marqués par des caractéristiques bien définies : une stratégie dominée par la nécessité de résultats trimestriels et donc une dictature du court terme. Cette logique et souvent accompagnée d’une emphase forte donnée à la rationalité. Par ailleurs les intérêts de l’entreprise sont surtout économiques. Pour résumer l’entreprise est essentiellement préoccupée par le court terme, l’économique et la rationalité.
Cette vision de l’entreprise "étroite" est directement liée à la relation forte entre les investisseurs, "stock holders" et l’équipe de direction, chargée d’exécuter une stratégie de retour sur investissement. Ce tropisme s’amplifie jusqu'aux crises à écologique, sociale et économique du début du XXIème siècle.
Ces crises interrogent radicalement les entreprises sur leur capacité à créer de la richesse économique mais aussi leur responsabilité sociale et écologique. Ces crises, dans leur radicalité, interrogent la rationalité classique du progrès. Cette vision étroite de l’entreprise apparaît de plus en plus discutable en mesure que l’entreprise est amenée à considérer l’ensemble de ces parties prenantes, "share holders" !
Dans les années qui viennent les enjeux économique mais aussi sociaux et écologiques emmèneront des interrogations qui susciteront à juste titre beaucoup d’émotions et de questions philosophiques et spirituelles.
Les entreprises se retrouvent confrontées à ce qu’elles ont souvent voulu évacuer en l'externalisant en dehors de l’entreprise. L’entreprise du futur ne peut plus être seulement économique, à court terme et rationnelle. Il lui faudra de plus en plus se positionner face à des enjeux à long terme, écologiques et spirituels. Elle devra aussi être sociale, gérer le moyen terme et avoir des réponses au désarroi émotionnel de chacun. Ce nouveau défi est c’est que nous appelons "l’entreprise élargie".
L’entreprise élargie
Derrière cette évolution se dessine une entreprise qui prendrait en compte le court terme, mais aussi le moyen et le long terme ; une entreprise économique mais aussi sociale et écologique ; une entreprise capable de penser rationnellement mais aussi dotée d’une véritable intelligence affective et spirituelle.
Une entreprise de ce type serait capable de faire du profit mais serait aussi capable de traiter humainement ses clients et ses collaborateurs tout en étant capable d’apporter sa pierre dans l’élaboration de la vérité, de la bonté et de la beauté, dans le cadre du progrès spirituel de l’humanité.
Dans la pratique nous sommes encore souvent bien loin de cette entreprise élargie. Il est clair, malgré tout, que depuis trente ans se construisent petit à petit de nouveaux discours sur l’entreprise qui vont dans le sens de l'entreprise élargie. Il est possible même que la crise économique, la crise de société et la crise écologique précipitent la fin des entreprises dont la vision est trop étroite surtout lorsque par leurs fautes et leur aveuglement des millions de personnes mourront de faims, de soif et verront leur terre inondée par la montée du niveau de la mer.
Un film comme "The corporation" qui a été largement diffusé montre comment la vision étroite de l’entreprise classique justifie des comportements qui sont souvent responsables des crises que nous traversons aujourd’hui. A mesure où ces crises vont s’amplifier, on peut anticiper que les entreprises seront de plus en plus confrontées et critiquées du fait de leur manque de responsabilité globale. Une responsabilité qu'elles n’assument pas du fait de la vision étroite de leur rôle.
Dans cet article nous explorerons quelles sont les caractéristiques d’une entreprise élargie, le rôle particulier des ressources humaines dans ce type d'entreprise et enfin comment développer les talents dans l'entreprise élargie ?
Les différentes dimensions de l'entreprise élargie peuvent être analysées selon trois axes :
- Un axe de durabilité : Economique, Sociale, Ecologique
- Un axe de temporalité : Courte, Moyenne, Longue
- Un axe de profondeur: Rationnel, Emotionnel, Spirituel
Les différent axes se suscitent mutuellement : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite.
L’axe de durabilité
Approfondissons, tout d'abord, l'axe de durabilité : Economique, Sociale, Ecologique
Le développement durable (ou développement soutenable, anglicisme tiré de Sustainable development) est une conception récente de l'intérêt public, c'est un mode de développement appliqué à la croissance et reconsidéré à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects écologiques et culturels généraux de la planète. Il s'agit, selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland:
« Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Le philosophe français Michel Foucault aborde ces questions sur le plan épistémologique. Il parle de changements de conception du monde, qui se produisent à différentes époques de l'Histoire. Il appelle ces conceptions du monde, avec les représentations qui les accompagnent, des épistémès. J'ai moi même développé cette approche dans le cadre de mes recherches sur "Le management systémique de la complexité" et "Le management du troisième millénaire" en tentant de dégager les grandes caractéristiques "épistémologique" de l'ère contemporaine.
La formule « agir local, penser global », employée par René Dubos au sommet sur l'environnement de 1972, est souvent invoquée dans les problématiques de développement durable. Elle montre que la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux nécessite de nouvelles heuristiques qui intègrent le caractère global du développement durable. Elle fait penser à la philosophie de Pascal, plutôt qu'à celle de Descartes, celle-ci étant davantage analytique. En pratique, elle devrait se traduire par des approches systémiques.
L'objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui réconcilient les trois aspects (économique, social, et environnemental) des activités humaines : « trois piliers » à prendre en compte par les collectivités comme par les entreprises et les individus. La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux. À ces trois piliers s'ajoute un enjeu transversal, indispensable à la définition et à la mise en œuvre de politiques et d'actions relatives au développement durable : la gouvernance.
La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs (citoyens, entreprises, associations, élus...) au processus de décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie participative.
Le développement durable n'est pas un état statique d'harmonie mais un processus de transformation dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation des changements technologiques et institutionnels sont rendus cohérents avec l'avenir comme avec les besoins du présent.
Les trois piliers se renforcent mutuellement et sont synergiques les uns avec les autres pour bonifier l'entreprise ; cependant il existe une forte divergence de temporalité entre chacun d'eux. Les entreprises ont tendance à privilégier le pilier économique parce qu'il concerne le court terme, le social, lui, a des effets plutôt à moyen terme et la dimension environnementale concerne le long terme ! Le développement durable oblige donc l'entreprise à élargir sa vision temporelle à envisager le court mais aussi le moyen et le long terme de manière prospective.
PUBLIÉ PAR OLIVIER BRETEAU À L'ADRESSE 02:00
Comment l'entreprise élargie réenchante le monde ? (2)
Dans le cadre de la onzième journée de l’Université Intégrale qui aura lieu Samedi 19 Février sur le thème : « Vers une entreprise plus intégrale ? », nous proposons ci-dessous la suite de l’article de Michel Saloff-Coste, co-fondateur de l’Université Intégrale : « Comment l’entreprise élargie réenchante le monde ». A lire dans son intégralité sur le blog de l’Université Intégrale.
L’auteur y définit de manière synthétique les trois axes du contexte évolutif dans lequel se développe l’entreprise du 21ème siècle. Après avoir analysé dans la première partie du texte, l’axe de durabilité économique, sociale et écologique, il analyse, ci-dessous, l’axe de temporalité, courte, moyenne et longue et l’axe de profondeur qui touche aux dimensions rationnelles, émotionnelles et spirituelles.
Ces trois axes étant interdépendants : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite.
Comment l’entreprise élargie réenchante le monde. Seconde partie. Michel Saloff Coste
L'axe de la temporalité : Courte, Moyenne, Longue
L'élargissement de la vision temporelle des entreprises amène naturellement le développement de la prospective. La prospective est une démarche de prévision et d’analyse des avenirs possibles. Le terme s'emploie souvent lorsqu'il s'appuie sur des recherches scientifiques variées et des données statistiques traduites en scenarii destinées à éclairer la réflexion pour des choix et prises de décisions stratégiques.
La fonction première de la prospective est de faciliter la prise de décision sur la base de scénarii intégrant les tendances de fond, mais aussi les signaux faibles qui pourraient modifier le cours des choses à court, moyen ou à long terme. L'individu ou le groupe ainsi éclairés peuvent rationaliser ou préciser leurs stratégies afin de moins subir les évènements pouvant être considérés comme les plus probables. L'exercice impose l'accès à un nombre suffisant de données pertinentes, parfois traduites en modèles ou simplement en courbes de tendance.
Il faut parler d'une démarche prospective car, une prospective efficace se fonde sur des ajustements et des corrections en boucles rétroactives dans le temps. La prise en compte de la prospective par les décisionnaires et différents acteurs de la société modifie elle-même le futur. L'entreprise à travers ce travail de prospective s'engage naturellement rationnellement mais aussi émotionnellement et spirituellement !
Un certain nombre d'entreprises d'avant-garde explore de nouvelles voies stratégiques créatives en "changeant de damier" afin d'échapper à la concurrence frontale induite par les logiques d'excellence mimétique.
Plus l'entreprise est créative et décalée par rapport au contexte, plus elle devient "idéologique" et d'une certaine manière "politique" et "spirituelle" parce qu'elle est porteuse alors d'une "autre" vision du monde. "TF1, Benetton, Habitat ou Nike sont des foyers d'idéologie plus proches, plus présents, plus actifs que la plupart des partis politiques. […] Leur premier métier n'est plus de produire de la valeur ajoutée, mais de dégager des valeurs capables de constituer une identité, de provoquer l'adhésion à cette identité, et de rassembler autour d'elles. Ces entreprises ont réalisé une double conversion exemplaire. Elles ont reconnu dans le produit et le service l'accessoire, dans le sens et les valeurs l'essentiel. Elles ont anticipé le triomphe de l'immatériel. Et elles ont, souvent sans le savoir, sans même le vouloir, compris que le profit découlerait du pouvoir idéologique". (Le management du troisième millénaire)
L’axe de la profondeur
C'est ce qui nous amène logiquement à l'axe de la profondeur : Rationnel, Emotionnel, Spirituel.
Il existe trois types d'intelligences relativement distinctes (Trouver son génie) :
1 - Niveau intellectuel formel. Logique binaire : oui ou non
2 - Niveau émotionnel turbulent. Logique intégrative : oui et non
3 - Niveau spirituel vide. Logique paradoxale : ni oui ni non
Du fait des nouveaux moyens de communication toutes les informations sont aujourd'hui accessibles. Dès lors, les méthodes stratégiques uniquement rationnelles qui appliquent des modes de traitements identiques aux mêmes informations risquent de produire les mêmes décisions stratégiques.
Seule une stratégie créative "profonde" qui ré-enchante le monde spirituellement, émotionnellement et rationnellement parce qu'elle fait appel à un authentique travail d'inspiration et de vision, peut créer de la valeur à court, moyen et long terme pour l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise : clients, actionnaires, fournisseurs, citoyens, planète.
La "stratégie créative en profondeur" est un moyen essentiel pour répondre de façon innovante aux enjeux d'un développement durable, écologique, socialement responsable et néanmoins économiquement rentable !
"La stratégie créative répond à la nécessité pour chaque entreprise de générer en permanence des alternatives non prévisibles et difficilement accessibles aux concurrents, résultats d'un regard inédit porté sur des informations accessibles à tous. Leur génération suppose des moyens importants d'écoute et de réaction pour traiter les signaux faibles de l'environnement, relayés par des moyens de simulation inédits. Cela nécessite des compétences nouvelles en sociologie et en psychologie pour compléter les compétences analytiques classiques et créer ainsi des opportunités de développement inimaginables."(Simon Free, in Les stratégies de la transformation dans L'art de la stratégie )
La stratégie de singularisation peut très bien jouer à la fois sur le principe de haut de gamme d'un produit de niche réservé à une clientèle de luxe et sur le principe d'abondance et de faible prix. Un bon exemple est Ikea qui mixe faible prix et design singulièrement prestigieux.
La singularité peut se manifester à travers les produits, les services et la communication qui les porte, mais certaines entreprises sont allées encore plus loin, en réinventant des business models très originaux et en rupture avec l'ensemble de leur industrie.
Les trois niveaux d'intelligence
La stratégie pour générer massivement de la valeur, décoller et échapper au piège concurrentiel du marché consiste à se distinguer par la création d'une singularité, cette singularité peut être plus ou moins "profonde" et fait appel à différents niveaux d'intelligence.
La manière la plus basique consiste à réaliser une percée scientifique ou technique et à protéger cette singularité rationnelle par un brevet. De manière plus subtile, les stratégies créatives par singularisation de la marque et de l'enseigne développent un univers sémantique (code, couleur, typographie) et émotionnel particulier qui capte et retient l'attention de la clientèle et manipule ses émotions et ses désirs. Plus subtilement encore, il s'agit d'interpeller le client sur le sens de sa vie et lui faire des propositions originales.
En l'espace d'un siècle, les logiques de singularisation sont devenues de plus en plus sophistiquées. Nous sommes passés, par exemple, dans le secteur de la communication, de l'annonce à la publicité, pour aller vers la communication globale. Il ne s'agit plus de fournir un produit ou même un service mais de faire vivre au client "une expérience transformationnelle qui convoque son identité et le fait renaître avec une conscience élargie du monde".
Dans ce contexte on peut distinguer trois niveaux d'intelligence et d'innovation qui s'emboîtent : la première dimension, que nous appelons "formelle", correspond à la dimension logique binaire "oui ou non" ; la deuxième dimension, que nous appelons 'turbulente", correspond à la logique intégrative "oui et non" ; la troisième dimension que nous appelons "vide", correspond à la logique paradoxale "ni oui, ni non".
Niveau intellectuel formel : logique binaire (oui ou non).
L'intelligence rationnelle formelle : (par exemple"1+1=2") est la base de notre compréhension logique. C'est la conscience incarnée dans la temporalité, qui manie plus ou moins le raisonnement systématique rationnel et discursif. La conscience formelle est celle que nous avons lorsque nous nous concentrons sur notre corps, nos sens et notre intellect. La réflexion scientifique est bonne gymnastique pour développer une conscience au niveau formel. On peut parler de "quotient intellectuel" QI pour cerner ce type d'intelligence.
Niveau affectif turbulent : logique intégrative (oui et non).
L'intelligence affective turbulente (par exemple "Je t'aime moi non plus") est la base de notre sensibilité à l'art. C'est la conscience qui s'ouvre au sentiment d'éternité qui nous envahit dans la contemplation artistique. C'est l'espace de l'émotion amoureuse. L'art est le moyen le plus généralement connu par lequel un individu développe et approfondit sa conscience du niveau turbulent. La conscience du niveau turbulent est celle des affects, des désirs et de la sensibilité. On peut parler de "quotient affectif" QA pour cerner ce type d'intelligence.
Niveau spirituel vide : logique paradoxale (ni oui ni non)
L'intelligence intuitive vide : (par exemple "Dans la vallée de l'indicible s'inscrit le sommet de nos mots") est la base de notre intuition spirituelle. C'est la conscience qui s'ouvre à l'intemporalité. C'est l'espace de la méditation. La conscience du vide est celle de l'inspiration. On peut parler de "quotient spirituel" QS pour cerner ce type d'intelligence.
Spiritualité et idéalisme
Le génie de l'homme est inscrit dans sa dimension spirituelle, il s'exprime dans l'effusion délicate du cœur à travers l'art et vient féconder la raison pour renouveler la science. Chaque niveau d'intelligence demande du travail pour se cultiver et devenir vivant et porteur de sens. À chacun des niveaux existent des erreurs à éviter : s'enfermer totalement dans le formel, se perdre dans les circonvolutions du turbulent, projeter notre manque sur le vide.
Jacques Seguéla invoque le remplacement de la "copie stratégie" par la "star stratégie" pour l'élaboration de la communication par exemples des "lessives" qui non seulement lavent plus blanc mais peuvent aussi, grâce à la sémiologie, procurer des illuminations sémantiques aux clients des supermarchés. A ce propos, Thierry Gaudin, ancien Directeur du Centre de Prospective du Ministère de la Recherche, parle à juste titre de communication "hallucinogène".
Attention aux dérives ! L'idéologie et l'accent mis sur les valeurs peuvent conduire au totalitarisme. Et que dire lorsque le sens et les valeurs sont portés par un chef charismatique amené fatalement à s'éclipser de l'entreprise ? La singularité peut très vite se transformer en conformisme à l'intérieur de l'entreprise et provoquer des comportements sectaires. C'est au management qu'il incombe d'être vigilant sur les excès possibles.
Cependant nous pouvons bénéficier des lumières de la science sans pour autant nous réduire au matérialisme. Nous pouvons bénéficier des intuitions de la spiritualité sans pour autant planer dans l'idéalisme.
L'idéalisme est contraire à la vraie spiritualité parce qu'il est sous-tendu par l'exorbitante vanité de savoir ce qu'est "l'idéal" et donc de pouvoir en faire un objet. Nous ne sommes plus dès lors dans la "spiritualité" mais dans le fétichisme et Freud nous parle alors avec raison "d'infantilisme psychique" et de "délire collectif": nous tentons de combler nos angoisses par des projections paternelles ou maternelle transcendantes.
La vraie spiritualité est, tout le contraire, empreinte de modestie et d'ouverture à l'altérité : ce "tout autre" que nous propose chaque instant dans son caractère unique et singulier. Les témoignages spirituels de toutes les civilisations et de toutes les cultures ont en commun ce message d'amour universel. Il faut être dogmatique pour transformer ces messages d'amour en sectarisme replié sur des formalismes désuets et des articles de foi plus "abracadabrantesque" les uns que les autres. Il y a effectivement "délire collectif" quand ce fétichisme maniaque débouche sur l'holocauste des "autres" ou tout simplement l'ignorance et le désintérêt pour la richesse culturelle de la différence.
Science et matérialisme
Par ailleurs et, malgré les apparences, le matérialisme est aussi peu scientifique que l'idéalisme est spirituel. La science en tant qu'elle est décomposition analytique de processus nous éclaire sur le "comment" mais jamais sur le "pourquoi". Réduire la réalité à des processus sans finalité est pratique pour les décomposer, mais l'expérience quotidienne nous fait expérimenter chaque jour l'extraordinaire propension de tout système complexe à générer, y compris contre notre volonté, des finalités émergentes intrinsèques.
Paradoxalement le matérialisme est aussi une forme d'idéalisme car il "réduit" le réel à "l'idée" que nous pouvons en avoir à partir d'une analyse que la science connaît, par définition pourtant, comme partielle, limitée et relative. Le vingtième siècle nous aura montré comment le matérialisme sous sa forme dogmatique débouche de la même manière que l'idéalisme et pour les mêmes raisons sur des "délires collectifs".
Luc Ferry a le mérite dans son livre " Qu'est-ce qu'une vie réussie ? " de bien montrer comment l'évolution de la pensée philosophique orientale, grecque, judéo-chrétienne et moderne converge vers ce ré-enchantement du monde à travers ce qu'il appelle une "spiritualité laïque" et une "conscience élargie". Il montre de manière magistrale comment "la singularité de chacun", "l'intensité de l'instant" et "l'amour de l'autre" sont les moments essentiels de cette vision humaniste qui réconcilie les contraires...
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PUBLIÉ PAR OLIVIER BRETEAU À L'ADRESSE 11:00
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