2015/10/24

Musée de l'Homme: Questions d'humanité

Musée de l'Homme: Questions d'humanité

musée de l'homme

L'homme évolue, son Musée aussi... Après six ans d'une totale refonte de son parcours et de ses espaces, le Musée de l'Homme vient de rouvrir ce 17 octobre 2015. Mais pour nous dire quoi ? Pour nous transmettre quoi ? Car à travers les trois grandes questions qui ponctuent le propos et le parcours de visite "Qui sommes-nous ?", "D'où venons-nous ?", "Où allons-nous ?", le Musée saura-t-il répondre à la grande question de notre temps : l'Homme saura-t-il s'adapter à lui-même dans le futur ?
20.000 visiteurs sont déjà venus ce week-end, en famille pour la plupart, découvrir en exclusivité et en accès libre les vitrines spectaculaires qui abritent les objets remarquables de la collection. Du crâne de Cro-Magnon à celui de Descartes, de la Vénus de Lespugue aux cires anatomiques de Pinson, en passant par une surprenante galerie de bustes du 19e siècle, toute l’étrangeté et l’extraordinaire adaptabilité de la nature humaine ont séduit les premiers visiteurs.
 
"La profondeur historique donne de l'épaisseur à l'événement d'aujourd'hui" déclarait Bruno David, le nouveau directeur du Museum national d'Histoire naturelle, lors de l'inauguration du Musée de l'Homme. Au croisement de la biologie et de la philosophie, de l'anthropologie et de l'Histoire, le nouveau Musée de l'Homme se veut le prolongement du discours porté par les autres galeries du Muséum national d'Histoire naturelle. Il convoque toutes les disciplines scientifiques pour poser un autre regard sur notre humanité dans toute sa diversité. 
La particularité de ce musée est de memer intrinsèquement la recherche et le partage des connaissances, la science et la visite. Le concept de musée-laboratoire qui fit toute son originalité en 1938 lors de sa création, demeure : 150 chercheurs explorant la nature de l'homme, son histoire et son futur et dont les découvertes seront présentées aux visiteurs sur le Balcon des sciences. Un espace nouveau, dédié à la recherche et à son actualité scientifique, l'articulation entre discipline naturalistes et sciences humaines et sociales. 
 
Le message du musée est clairement institué par Cécile Aufaure, directrice du projet de rénovation du musée et par Evelyne Heyer, Commissaire scientifique générale de la Galerie de l'Homme : "Dans quel futur possible s'inscrit-on ?"
La projection vers le futur est la dynamique du musée : la conscience de l'homme avec son devenir individuel, plus celui de son clan, et celui des sociétés. On s'interroge aujourd'hui sur l'avenir de la planète, avec ou sans l'homme : cette trajectoire est celle que le nouveau musée veut exprimer. Il se veut aussi musée citoyen : quelle est la place de l'homme dans la société ?
 
Que s'est-il passé depuis la fermeture du Musée de l'Homme en 2009 ? 
 
Le site, classé monument historique, devait être conservé à l'identique, tout en s'adaptant aux besoins du nouveau musée. Si de l'extérieur, rien ne semble avoir changé, l'aménagement du pavillon de tête et des différents niveaux de l'aile courbe a été conçu comme une "couche intelligente" et modulable ajoutée à l'existant. Le bâtiment composé de l'imbrication de deux édifices construits pour les expositions universelles de 1878 et 1937, a accueilli successivement deux musées : le Musée d'ethnographie du Trocadéro, en 1882, et le Musée de l'Homme en 1938.
A l'occasion de sa réouverture, les architectes, sous la direction d'Emmanuel Nebout, et la scénographe ont été invités à dérouler le processus de rénovation architecturale à la manière d'une table d'architecte : chacun des récits de chantier, se déploie dans sa temporalité, avec sa grammaire spécifique : modularité et réversibilité pour le bâtiment, mise en scène d'un questionnement anthropologique et des collections pour le parcours permanent. En miroir, à la manière d'un paysage, une fresque vidéo reprend ces thèmes dans un travelling introduisant les acteurs de cette rénovation.
 
Trois sujets, l'éthique, le droit et les modes d'acquisitions, remettent en question l'enrichissement des collections historiques du musée. Au-delà de ces questionnements, la richesse des collections et le développement de nouvelles techniques sont régulièrement à l'origine de découvertes scientifiques. La diversité des disciplines et des approches au sein du musée-laboratoire stimule de nouvelles pistes d'enrichissement des collections.
 
Les équipes du Musée de l'Homme intègrent des chercheurs du CNRS et de l'IRD, travaillant avec les différents sites du Muséum et de l'IPH. Elles collaborent avec les différents membres de la COMUE Sorbonne universités dont le Muséum fait partie et avec de nombreux partenaires en France et à l'étranger.

Les nouveaux espaces du musée

La salle abécédaire
 
Evelyne Heyer, impliquée depuis plus de dix ans dans cette rénovation du musée, souhaitait un nouveau discours : impliquer les nouvelles connaissances scientifiques tout en intégrant de nouvelles dimensions culturelles et inviter le rapport de l'homme à la Nature (quel impact de l'homme sur l'environnement ?).
Pour évoquer cet unique exemple en France de musée appréhendant l'Homme dans ses dimensions biologiques, sociales et culturelles ainsi que dans ses relations avec la nature, une salle abécédaire offre une formule ouverte, multiple et subjective pour aborder les thèmes de recherche de ce musée-labotatoire. Ces thèmes ont présidé à la conception de la Galerie de l'Homme et contribueront à la programmation des futures expositions temporaires. Ils recouvrent les grands enjeux liés à l'évolution humaine.
Les 26 lettres de l'alphabet, associés à un ou plusieurs mots clés, et qui pourraient en illustrer bien d'autres, sont autant d'occasions de rencontres avec les chercheurs et les membres du comité d'orientation du musée.
 
 
Les séquences, extraites du film-alphabet "ABC DE l'Homme" réalisé par Andres Jarach, prennent place dans une forêt de lettres géantes, de A à Z, déployées dans un espace ludique. 
 
Le Balcon des Sciences
 
Un espace invitant à découvir comment travaillent les équipes du musée-laboratoire : des collectes sur le terrain à la diffusion des connaissances, en passant par l'analyse dans les labortoires. Paul Rivet et Georges-Henri Rivière, les fondateurs du Musée de l'Homme, y développaient déjà  en 1937 le concept de "musée-laboratoire" et y installèrent réserves de collections, laboratoires, salles de cours, bibliothèques, salle de projection et galeries d'exposition. 
Ce sont aujourd'hui près de 200 personnes (chercheurs, professionnels de musées et étudiants) qui y accomplissent ensemble les activités de conservation, de recherche, d'expertise, d'enseignement et de diffusion auprès des publics. Une mise en avant des coulisses du musée-laboratoire afin de permettre au public de prendre le pouls de la Recherche et de rencontrer des scientifiques pour avoir un écho de la science en marche.
Un centre de ressource audiovisuelle propose des films et enregistrements sonores sur les différentes thématiques.
Tous les jours à 15h du lundi au samedi, "Un chercheur au balcon" proposera une thématique spécifique entre chercheurs, techniciens de laboratoire ou doctorants et rencontres avec le public. 
(Programmation sur le site du musée). 
 
L'Espace d'exposition temporaire 
 
Sur 650m² de grandes questions seront mises sur la sellette. Chaque année, d'octobre à juillet, le musée proposera des rendez-vous réguliers, l'occasion de positionner le musée comme lieu de débats sur les questions de société relatives à l'homme, à ses origines et à son devenir. 
La première exposition, "Chronique d'une renaissance" présentera le grand chantier muséographique intellectuel du 17 octobre 2015 au 13 juin 2015. 
 
 
Le Centre de Ressources Germaine Tillon
 
Espace de consultation et de médiation axé sur l'image et le multimédia, le Centre a été pensé comme un lieu convivial équipé et conçu pour permettre une multiplicité d'approches et d'usages : de la simple visite en famille, au travail de recherche individuel, en passant par la participation à des ateliers de médiation, des présentations d'ouvrages ou des débats en petit comité.
Deux rendez-vous sont déjà programmés :
- "La fabrique d'un musée" les mercredis de 15h à 16h : les étapes de métamorphose du Musée de l'Homme, à partir d'archives filmiques du projet de rénovation.
- "Décrypt'images" les dimanches de 15h à 16h : à travers le décryptage de films ethnographiques, ce rendez-vous dévoile la richesse du fonds audiovisuel du Centre de Ressources autour des thématiques suivantes : anthropologie médicale, ethnologie, cinéma thonologique, ethnoentomologie et ethnomusicologie (12 séances).
 
L'art contemporain rentre au Musée de l'Homme
 
Premier artiste invité : Pascale Marthine-Tayou. Ses installations, étonnants assemblages, entrent en résonnance avec les thématiques abordées dans le parcours permanent sur la globalisation et l'hybridation des cultures. Elles jalonnent un parcours dans les espaces de l'exposition temporaire et dans les différents lieux d'accueil du musée.
 

Les grands questionnements du Musée de l'Homme : la Galerie de l'homme, le coeur du musée

 
C'est un très long travelling sur notre évolution : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? 2 500 m² répartis sur deux niveaux pour raconter l'aventure humaine et la rendre accessible à tous par une exposition permanente qui souhaite décloisonner et ancrer l'homme dans le Vivant. Si, à première vue, tout le monde sait ce que c'est qu'être humain, qui saurait définir précisément qui nous sommes ? Le parcours muséographique commence par explorer la nature humaine à partir de différentes aspects en croisant les approches des sciences de la vie et des sciences humaines : le corps, la pensée, le langage, la vie en société. Mais jusqu'où faut-il remonter pour trouver le premier humain ?  
 
La deuxième partie du parcours aborde le temps très long de notre histoire évolutive : la diversité humaine qu'il faut apprendre à intégrer.
La dernière partie du parcours est ancrée dans le contemporain. Elle fait le constat des impacts écologiques des activités humaines, des effets socio-culturels de la mondialisation, des marges d'adaptation de l'espèce humaine aux environnements qu'elle a elle-même contribué à créer. C'est là une prise de position, en lien avec les engagements du Muséum national d'Histoire naturelle pour la préservation de la biodiversité, pour sensibiliser les publics aux enjeux de sauvegarde de la planète.
 
Qui sommes-nous ?
 
Un être de chair ? Sans cesse représenté au cours de l'histoire humaine, objet d'étude et de fascintion, notre corps est une machine complexe dont savants et artistes tentent de percer les secrets. Organisme vivant parmi d'autres, mais pas tout à fait comme les autres, notre corps est issu d'une longue histoire évolutive. Chacun de nos organes en conserve la trace. Au cours de ces millions d'années, nous avons hérité d'un patrimoine génétique qui fait de tous les êtres humains actuels des Homo sapiens. Et, à la différence des autres espèces, avec lesquelles nous partageons des gènes et des traits anatomiques, l'Homme est un acteur qui transforme cet héritage biologique. Partout le corps humain est façonné par les cultures et les individus.
 
 
Un être de pensée ? Par-delà la diversité des cultures et des réponses qu'ils y apportent, les êtres humains se posent partout les mêmes questions : sur eux-mêmes, la nature, les esprits ou les dieux.
Conscience de soi, du temps, de notre condition d'être mortel... les êtres humains pensent et se pensent. Ils donnent un sens au monde dans lequel ils vivent. Notre cerveau joue un grand rôle dans ces capacités  à imaginer, créer, classer les éléments de notre environnement. Le monde est pour nous à la fois un espace immédiat, concret, et un univers peuplé d'images et d'idées. Ces représentations abstraites s'incarnent dans des productions matérielles mais également dans des pratiques et des comportements qui peuvent être triviaux ou sacrés.
 
Un être de parole ? "Il était une fois..." L'Homme est un être de récit. Doués de parole, nous nous mettons en scène, nous racontons des histoires sur nous-mêmes, les autres, nos origines, l'avenir...
Si le langage est une faculté ancrée dans la biologie, les langues, elles, relèvent de la culture.
A  partir d'une même capacité à parler, une profusion de langues et de dialectes s'est développée depuis des temps immémoriaux. Vecteurs de mémoire et de tradition, ce sont de forts marqueurs identitaires. Qu'elles soient dites, écrites ou chantées, le fait de raconter des histoires est un élément structurant des sociétés humaines. Et tout comme elles, les langues ne sont pas figées : elles naissent, vivent, déclinent ou évoluent.
 
Un être de liens ? L'Homme n'existe pas seul : nous ne pouvons pas vivre sans les autres. Notre espèce est extrêmement sociale : l'amour, l'échange et la transmission sont vitaux pour notre développement.  Les liens qui nous attachent aux autres s'enracinent dans notre cerveau, véritable passerelle entre nous et nos semblables. 
Ils se sont transformés en force pour notre espèce - composée actuellement de sept milliards d'individus - structurée en familles et en sociétés d'une grande diversité. Chacun de nous est éduqué pour faire partie d'un groupe dont il apprend les règles par imprégnation et par transmission. Individus, groupes ou sociétés se distinguent les uns des autres par un double phénomène : se reconnaître entre soi et se démarquer des autres.
 
 
D'où venons-nous ?
 
D'où vient l'humanité ? Comment et pourquoi notre espèce, Homo sapiens, est-elle restée la seule de la lignée humaine sur terre ? Notre évolution biologique est buissonnante : plusieurs espèces ont existé avant l'émergence de l'Homme. Nous sommes le fruit d'adaptations constantes aux changements climatiques et aux environnements variés rencontrés depuis la Préhistoire. Et les lieux d'origine de l'Homme viennent de zones climatiques diférentes et non de pays prècis. 
En parallèle, plusieurs innovations techniques et une diversité culturelle ont marqué notre histoire et influencé ce que nous sommes. Découvrons comment notre lignée est apparue et comment nos ancêtres ont vécu et disparu. 
Plongeons ensemble dans l'épaisseur du temps ! Un voyage où archéologie, paléonthropologie, génétique et histoire des sciences nous donnent des clés pour comprendre notre lointain passé.
 
Où allons-nous ?
 
Comment s'est construit le monde globalisé d'aujourd'hui ? Allons-nous tous vivre de la même façon ? La mondialisation re-fabrique-t-elle des différences ? Avec sept milliards d'habitants, comment faire face aux défis d'une planète aux ressources finies ? Est-ce que nous continuons dévoluer ?
La dernière partie du parcours du musée est ancrée dans le contemporain. Elle questionne l'avenir de notre espèce dans un monde que nous avons transformé et qui continue à nous transformer en retour, selon trois thématiques : vivre dans des sociétés en constante évolution, vivre ensemble sur une planète aux ressources limoitées, vivre dans un monde artificialisé. Un voyage dans le temps...

Vers un monde toujours plus artificiel...

Loin de s'opposer à l'évolution biologique de notre espèce, l'évolution technologique et culturelle que nous connaissons sollicite plus que jamais nos capacités d'adaptation.
Comme toutes les espèces, l'Homme ne cesse d'évoluer sous l'efffet de mécanismes biologiques et d'interactions avec son environnement. Pourtant, nous sommes les seuls à avoir développé des modes de vie et des technologies qui décuplent l'impact que nous avons sur notre milieu et sur notre espèce. C'est un défi que nous lançons à nos capacités d'adaptation à un environnement transformé ainsi qu'à notre éthique à l'heure où nous pouvons modifier directement notre génome ou équiper nos corps de dispositifs technologiques destinés à améliorer nos performances.
L'homme cherche depuis toujours à maintenir, rétablir, voire améliorer sa santé et ses aptitudes. Mais le développement fulgurant de technologies remet en question les limites de la nature humaine. La frontière entre soins médicaux et amélioration technologique de nos performances s'estompe : nous sommes désormais face au possible développement d'un Homme augmenté. Cette évolution technologique pose des questions éthiques fondamentales, auxquelles nous devrons répondre tôt ou tard.
 
- Réparer l'homme : Aux savoir-faire empiriques ont succédé de nouvelles technologies permettant de mieux dépister, diagnostiquer et soigner les maladies. La chimie révolutionne les médicaments. La biomécanique, l'informatique, voire le génie génétique, étendent leurs champs d'application. Toutes ces avancées contribuent à sauver ou à améliorer des millions de vies chaque année. Le corps est toujours mieux réparé. Les prothèses et les implants se perfectionnent, allant parfois jusqu'à afficher une certaine recherche esthétique.
 
- Soigner ou augmenter le corps ? Du médicament au produit dopant, de la chirurgie réparatrice à la chirurgie esthétique, des prothèses réparatrices aux exosquelettes de l'armée ou de l'industrie,... les innovations médicales sont exploitées au-delà du secteur de la santé. Les remèdes et technologies développés initialement pour soigner ou réparer les corps abîmés, atteignent un tel niveau de terchnicité qu'ils sont désormais utilisés dans d'autres buts : transformer, optimiser, améliorer des corps en bonne santé.
 
- Vers une hybridation technologique ? L'idée, très ancienne, d'améliorer l'Homme et d'augmenter ses performances prend aujourd'hui une dimension inédite. Certes, les super-héros de science fiction restent les seuls humains augmentés connus à ce jour. Mais les progrès technologiques récents, issus notamment de la recherche médicale, permettent d'imaginer pour demain un humain qui dépasse ses limites naturelles. La perspective de pouvoir faire de notre corps, hérité biologiquement, un objet hybride conforme à nos désirs se rapproche de nous.
 

Ces nouveaux environnements que nous générons...

Nous modifions de plus en plus rapidement notre environnement, en cherchant, par exemple, à améliorer notre cadre de vie ou notre santé. Ces modifications de grande ampleur ont des conséquences sur le devenir des mutations génétiques. Nous n'avons pas le recul suffisant pour savoir quelles mutations apporteront un avantage ou un désavantage à leurs porteurs dans ces nouveaux environnements. Il est donc très difficile de prévoir notre évolution à long terme.
 
- Une alimentation qui change : dans certaines régions du monde, l'industrie agroalimentaire a permis d'éradiquer les famines. Mais le développement d'une production alimentaire de masse soulève certaines questions. Ainsi, la consommation excessive de nourriture peut être incompatible avec une vie très sédentaire et entraîner des cas de malnutrition. L'impact négatif sur notre santé est alors important et peut se transmettre aux générations futures. 
Car nous sommes ce que nous mangeons, mais également ce que nos parents ont mangé !
 
- Des bactéries qui prennent leur revanche : Le développement des antibiotiques et des vaccins a eu un effet très positif sur la santé des populations. Nous vivons en meilleure santé, même si de très fortes disparités persistent dans le monde. Mais en réponse à l'emploi massif des antibiotiques, les bactéries capables d'y résister se multiplient. Le scientifiques travaillent ainsi sans cesse au développement de molécules luttant contre des bactéries toujours plus résistantes. Nous participons ainsi à une escalade dont l'issue est bien incertaine.
 
 
- Des techniques qui sélectionnent les individus : Pour réparer les corps, soigner des maladies graves ou permettre à tous de se reproduire, l'Homme devient de plus en plus acteur de son évolution génétique. Aujourd'hui, on sait par exemple sélectionner le sexe des embryons ou ceux porteurs de certaines maladies génétiques. Et les techniques s'affinent en permanence. Demain, quels embryons sélectionnerons-nous ? Pourrons-nous intervenir sur notre génome, comme nous le faisons pour le maïs ? Selon quels critères ? Quelle humanité voulons-nous pour les générations futures ?
 
 
- La biodiversité agricole, un patrimoine en danger : Depuis le début de l'agriculture, l'Homme a mis au point de nombreuses variétés de plantes, adaptées à des contraintes climatiques et écologiques très diverses. Mais depuis quelques décennies, le développement de l'agriculture intensive et la mondialisation ont entrainé la sélection et la diffusion d'un nombre réduit de variétés, considérées comme plus performantes, donc plus rentables. Cela a conduit à l'abandon des variétés locales, provoquant une perte irrémédiable pour la biodiversité.
 
- Des ressources à préserver et à partager : Les ressources de la planète, comme ses capacités d'absorption de nos rejets, sont limitées. Les sociétés humaines, dans leur diversité, sauront-elles s'accorder pour les partager et éviter de les épuiser ? Tout être vivant modifie son environnement. L'Homme n'est pas une exception. Cependant, au cours des derniers siècles, nos activités se sont intensifiées. Elles ont façonné la planète, allant jusqu'à influencer l'ensemble des écosystèmes et menacer une partie de la biodiversité. L'urbanisation et la généralisation des modes de vie industrialisés se heurtent à la réalité d'une planète aux capacités limitées. Comment satisfaire les besoins et les désirs croissants d'une population humaine toujours plus importante ?

Un monde globalisé dans la diversité

 
La mondialisation galopante, depuis les années 1950, s'inscrit dans un processus historique qui commence peu avant le 16ème siècle. 
Le monde semble s'homogénéiser. Les mêmes objets se retrouvent aux quatre coins de la planète. Mais les identités locales résistent. L'identité de chaque société est en constante évolution. Elle se façonne au fil des relations et des échanges. Notre monde industrialisé et ses technologies de l'information facilitent les contacts entre cultures et la diffusion des objets de consommation. C'est la mondialisation.
Mais, mondialisation ne veut pas dire uniformisation. Les sociétés s'approprient les éléments venus d'ailleurs. Elles les adoptent ou les refusent, les personnalisent, les marquent de leurs propres identités.
 
 
Cette mondialisation se traduit par la diffusion de produits sur toute la planète, qu'ils soient issus de la trechnologie des sociétés industrielles ou dérivés des artisanats traditionnels. Le téléphone portable ou l'anorak en sont des illustrations. 
Le téléphone portale, inventé aux Etats-Unis, puis commercialisé au Japon, a rapidement été adopté par le monde entier. L'anorak, d'origine inuite, s'est peu à peu adapté à une demande diversifiée, tout en demeurant parallèlement une production vestimentaire artisanale des peuples de l'Arctique.
 
Vous l'aurez compris, la réouverture du Musée de l'Homme est un événement en soi. Sans rien céder de son histoire, il devait se réinventer. Avec une ambition très particulière et chère à Bruno David : "Comme le symbole de l'ambition que doit se donner un Muséum dont la vocation consiste à veiller au respect et au maintien de la biodiersité et de l'universalité de l'humain et de son environnement."
Le musée est une institution publique qui subit, et provoque parfois, les mutations, externes à sa substance, émanant des sociétés dont il dépend. Le centrage sur l'histoire de l'Homme dans son environnement consiste aujourd'hui à déployer la palette de tous les moyens de médiation ; de l'objet aux artefacts, en passant par les dispositifs multimédias, les fac-similés, les moulages, les espaces paticipatifs, etc. De sorte que vouloir étiqueter le Musée de l'Homme, ne serait-ce que dans sa forme, est encore prématuré. Interdisciplinarité des savoirs, cumulant la fonction de conservation et d'enseignement, mais aussi et surtout volcan de questionnements, d'idées en sommeil. Un projet muséographique est le contraire d'un tableau achevé ; nous sommes donc bien là au coeur de notre humanité actuelle, héritière d'autres humanités sur la planète Terre.
 
Fabienne Marion
 
Dès cette semaine, l’offre culturelle s’étoffe : rencontre avec les chercheurs du musée sur le balcon des sciences, colloques, conférences, animations, programmation autour la 21e conférence climat (COP21) et 34e Festival international Jean Rouch (Cinéma ethnographique du 7 au 13 novembre 2015) rythmeront le musée dans les prochains mois. Programmation complète sur le site du musée.
www.mnhn.fr
 
 
A l'occasion de l'ouverture du musée, une série d'ouvrages témoigne de l'effervescence intellectuelle qui accompagne le processus de rénovation :
Une belle hisoire de l'Homme, sous la direction d'Evelyne Heyer - Préface d'Yves Coppens - Editions Flammarion - Octobre 2015
Le Musée de l'Homme, Histoire d'un musée-laboratoire, sous la direction de Claude Blanckaert - Editions Artlys/MNHN - Octobre 2015
- Le nouveau Musée de l'Homme - Itinéraire de Cécile Aufaure - Editionsd Artlys/MNHN - Octobre 2015
Devenir humains, Manifeste de Sylviane Agacinski, Evelyne Heyer, Gilles Boeuf, sous la direction d'Yves Coppens - Editions Autrement et MNHN - Septermbre 2015
 
 

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