Singularity University will convene thought leaders and breakthrough companies to explore exponential technologies and their impact on business and policy.
The Singularity University (SU) Summit Europe will bring the best of the SU classroom: showcasing what has changed in the world of exponential technology and what companies have emerged from SU Labs over the last 12 months.
The Summit Europe introduces leaders and policy makers to Singularity University and the themes of accelerating change, to understand how emerging technologies will impact their industry and regulatory environment.
http://singularityu.org/eu-summit/
Summit Europe 2014: Tech’s Pace Is Like a Dozen Gutenberg Moments Happening at the Same Time
From sunny San Diego last week for the Exponential Medicine conference to the rainy and overcast Netherlands for Summit Europe this week—I’m on the road with Singularity University. At the DeLaMar theater in central Amsterdam, some 900 participants are here to attend the largest event in SU’s history.
Whereas Exponential Medicine took the theme of exponential technology and applied it to health and medicine, Summit Europe will drill down into the concepts and consequences of our exponential pace.
SU’s global ambassador and founding executive director, Salim Ismail, set the stage.
We’re at an inflection point, he said, where we are digitizing and augmenting the human experience with technology. That digitization is accelerating change. The question is: How can individuals and society, more generally, navigate it?
Five hundred years ago, Johannes Gutenberg’s printing press freed information as never before. Ismail framed the current pace of technology as Gutenberg to the extreme, “We’re having about a dozen Gutenberg moments all at the same time.”
It’s true…currently, I’m listening to experts communicate new and novel ideas. I take notes on a laptop, connect to the internet, find images, load the article—and publish (for free). Ideas from the mouths of the few to the brains of the many in mere moments.
This flow of information is driving idea cross-pollination and innovation on a massive scale.
Listening to Ismail’s talk, I was reminded of a quote. Generally attributed to Elbert Hubbard, it goes like this, “The world is moving so fast these days that a man who says it can’t be done is generally interrupted by someone doing it.”
I wasn’t struck by the sentiment—a fairly common one around these parts—but the period. Hubbard was a denizen of the 19th and early 20th centuries (1856-1915), but the sentence feels so modern, Peter Diamandis could have said it yesterday.
Our sense of cultural and technological acceleration isn’t new.
Hubbard lived at a time when scientific revolutions were common currency. He bore witness to Darwin, Einstein, Edison, and Ford. In his era, humankind flipped from a species preoccupied with feeding itself to one in which a tiny fraction feeds the rest (less than 2% in the US today)—freeing tens of millions to do myriad other tasks.
However, if you believe we’re progressing at an exponential rate—Hubbard’s words are not just doubly true today; they’re orders of magnitude more so—and that translates into Ismail’s dozen simultaneous Gutenberg moments.
Then as now, people were excited and anxious in equal measure. Ismail showed a video of someone riding in one of Google’s self-driving cars as it navigated an obstacle course at top speed. The rider is amazed and a little nervous—the video ends with him letting out a little involuntary scream. Today, the world is letting out a little collective Google scream.
Will we let the latest technology take the wheel? Perhaps not at first. But as a car (or any technology) proves it can reliably handle something normally entrusted to humans—it will become as accepted, mundane, and utterly useful as an elevator.
We’ll be covering Summit Europe today and tomorrow, so stay tuned!
Image Credit: Willi Heidelbach/Wikimedia Commons
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La pensée exponentielle prêchée par l’Université de la Singularité,… quelle place pour homme dans la fusée ?
Vous pouvez accéder à la version PDF et les illustrations de cet article en cliquant sur le lien suivant : La pensée exponentielle SU Amsterdam 2014
Si l’Université de la Singularité (Singularity University), fondée en 2008 dans la Silicon Valley, est installée entre les murs de la NASA à San Francisco, ce n’est sans doute pas un hasard. Cet établissement, parfois qualifié de « sulfureux », a bâti sa notoriété en prêchant la bonne parole aux décideurs du monde entier, leur démontrant que tout est exponentiel et qu’il est temps pour eux d’embarquer dans la fusée qui emmènera l’humanité vers un avenir meilleur. Sa méthode est très simple. Elle est particulièrement efficace. Elle consiste à dire qu’il n’y a pas de progrès sans évolutions technologiques et à nous convaincre que le bonheur ne peut se concevoir sans les utiliser pour « améliorer » les êtres humains jusqu’au transhumanisme .
Sa mission est d’éduquer les leaders sociétaux et entrepreneuriaux de manière à les rendre plus aptes à répondre aux grands challenges de l’humanité, ceci en surfant sur la courbe exponentielle des progrès technologiques (to educate, inspire and empower leaders to apply exponential technologies to address humanity’s grand challenges). La SU construit ainsi ce qu’elle nomme une « pensée exponentielle » à destination de ceux qui ont le pouvoir, mais aussi du milliard d’êtres humains qui n’a pas encore accès aux nouvelles technologies.
Ayant eu l’occasion de les rencontrer en 2013, lors d’un voyage apprenant avec EducPros, j’en avais fait un petit commentaire dans un article intitulé : « The new gold rush ». J’avais écrit à ce sujet que c’était la rencontre la plus « décalée » qu’il m’avait été donné de faire lors de cette learning expedition à San Francisco. J’en avais eu une sensation bizarre suite à la présentation qui nous avait été faite par leur porte-parole et ambassadeur, Salim ISMAIL (Global Ambassador and Founding Executive Director of the SU), vantant les mérites d’une université exceptionnelle proposant des cycles de formation originaux sur des problématiques liées à l’impact sociétal des nouvelles technologies. Contrairement aux universités académiques, auxquelles elle aime se comparer, la SU affirme que tout processus évolutif est exponentiel et qu’il est essentiel d’avoir cela à l’esprit si l’on souhaite anticiper intelligemment dans toute prise de décision. Que l’on soit d’accord ou pas avec elle, c’est surtout dans l’interprétation qu’elle a des faits scientifiques et des avancées technologiques et dans la manière de les présenter qu’il convient de réfléchir. Au cœur du NASA Research Park, les amphis de la SU ne sont pas ceux que l’on attend d’une université. Ils sont transformés en décors de théâtre et en studios de télévision, les bancs sont réduits à des chaises-tables multicolores montées sur roulettes faisant penser à un parc d’auto-tamponneuses. Rien de très choquant bien sûr, mais qui donne un goût d’espaces réservés aux talk-shows et aux présentations à paillettes plutôt qu’à la réflexion posée et aux débats contradictoires. Mais ce n’était à l’époque qu’une première impression de visiteur universitaire,… déformation professionnelle, assurément provoquée par ses quelques plis académiques !
Les 19 et 20 novembre derniers à Amsterdam, l’occasion s’est présentée à moi de les rencontrer à nouveau. Ce fût lors d’une mission à laquelle je participais aux côtés de Michel SALOFF-COSTE dans le cadre de notre Institut International de Prospective sur les Ecosystèmes Innovants, mis en place depuis octobre 2014 à l’Université Catholique de Lille. L’événement s’est déroulé sur deux journées pendant lesquelles l’établissement californien a organisé en collaboration avec le cabinet Deloitte (Amsterdam) son European Summit devant près de 900 participants provenant d’entreprises, d’institutions publiques et privées, d’universités et de grandes écoles européennes. Des marques aussi prestigieuses que AEG, Airbus, Barclays, Cartier, GDF Suez, Google, HEC Paris, Heineken, ING, Janssen, Pfizer, Philips, Procter & Gamble, Rabobank, Randstad, Roche, Shell, Siemens, Citigroup London, Deloitte, Elsevier, KLM, L’OREAL, LEGO, Mozilla, TEDx, Thomas Cook,… avaient fait le déplacement. La couleur était clairement annoncée : « Ignition, building tomorrow by launching today » ! Un programme riche, aux frais d’inscription particulièrement élevés, composé d’interventions dynamiques « à l’américaine » et particulièrement bien illustrées,… en mode de conférences TED !
Sur la scène du théâtre « Delamar », pour l’occasion décorée avec l’ambiance d’une plateforme de Cap Canaveral, les présentations de la SU se sont succédé avec leurs lots de surprises (clips, démonstration de drones et de robots,… et même injection de puces RFID). Elles avaient surtout l’intention de nous en mettre plein les mirettes en matière de veille sur le développement technologique. Vraiment très réussi, très intéressant et pas si « dangereux » que cela si on sait faire preuve de réflexion et de discernement. De quoi rassurer les inquiets ou les peureux, tout en restant dans le sens critique du post d’Olivier MONOD qui a fait suite à l’événement et que je vous recommande de lire (« La Singularity University, le progrès à tout prix »). Pour ma part, j’ai souhaité retranscrire ici quelques séquences et idées chocs que j’avais relevées, quelques-uns des messages de la SU assénés avec un style souvent provoquant, mais toujours illustrés de manière factuelle et référencée par des travaux de recherche ou des expérimentations sur le terrain. A chacun de réagir comme il l’entend et de se faire, bien sûr, sa propre opinion. Ce n’est ici que mon regard… d’universitaire singulier !
Le monde est divisé en deux. Il y a ceux qui voient le chien et… les autres. Une image nous est projetée d’entrée par Rob NAIL (CEO & Associate Founder of SU) qui représente une multitude de points noirs sur fond blanc, innombrables tâches de tailles très différentes et réparties de manière irrégulière. Cela ne ressemble à rien à première vue, mais quand l’œil et le cerveau se concentrent, on y distingue alors la silhouette d’un chien, assurément un dalmatien, reniflant quelque chose sur le sol.
Une façon assez percutante de démontrer que nous ne sommes pas toujours capables de voir ce qui se présente à nous, bien que cela soit tout à fait visible. C’est juste que notre cerveau n’imprime pas à tout moment. La morale de cette petite démonstration vient assez vite. Pour avoir une vision à long terme, il faut d’abord fixer et décrypter attentivement ce qui est devant nous, passer du visible au lisible. Bien sûr, il faut regarder en direction du futur, mais pas seulement. Le présent aussi (et surtout) mérite que l’on s’y attarde. La SU nous propose donc de nous aider en la matière et avec sa méthode !
Il est impossible de résoudre un problème exponentiel avec une solution linéaire. Le monde a brusquement changé pour la SU. Il est entré en transition de manière accélérée. Il a cessé d’évoluer de manière linéaire. La réalité est devenue exponentielle. On ne peut plus se contenter de l’observer avec les méthodes d’antan. Faut-il nécessairement pour cela une paire de lunettes Google ? Why not ? Pour préparer l’avenir dès maintenant, la SU nous assure qu’il est important de comprendre l’évolution exponentielle des technologies, de les anticiper et de se projeter ainsi rapidement dans le futur.
Cela permet à chacun d’entre nous, entreprises, institutions, universités ou toute autre organisation, d’anticiper avec efficacité dans nos différents chantiers et projets. Il faut aussi « garder les pieds sur terre » en étant à tout moment de sa réflexion capable de connecter le présent au passé (à l’histoire), le « jeune » au « vieux », l’innovant à l’académique. Tout cela se fait dans un temps extrêmement réduit et qui se comprime sans cesse. Tout va très vite. « The futur is coming fast». Aussi, les membres de la SU nous recommandent de rester constamment connectés à l’information, à la veille technologique et à avancer dans le sens du progrès scientifique. C’est pour elle la seule façon d’aborder le futur avec intelligence.
Dématérialisation, Démonétisation, Démocratisation. C’est peut-être, selon Peter DIAMANDIS (Co-founder & Executive Chairman of SU), la nouvelle définition du monde de la 3D ? A l’inverse de celui des imprimantes du même nom qui nous permet aujourd’hui de construire ce que l’on veut avec plus de trois cent matériaux différents, il nous fait quitter progressivement le contact avec la matière. Il crée la disruption de manière irréversible jusqu’à tenter d’atteindre la 6D,… de la digitalisation à la démocratisation. Le monde analysé par l’œil avisé de la SU se dématérialise par les technologies numériques. Il se digitalise à l’extrême, entrainant avec lui non seulement les objets et ce que l’on en fait, mais jusqu’à la monnaie qui nous sert à échanger. Qu’en sera-t-il pour l’humain ?
Nous communiquons maintenant de manière digitalisée et à l’extrême. Nous en faisons de même dans nos relations économiques. Ceux qui contrôlent ces nouveaux échanges voient leurs pouvoirs se décupler. C’est l’empire de GAFAM ! Alors quel contre-pouvoir ? Chacun d’entre nous, quel que soit son niveau d’influence, jusqu’au plus inexistant, a celui de faire entendre sa petite voix… et toujours par le biais de la technologie, celle des réseaux sociaux en particulier, et de contribuer à l’amplification de ses propres messages. Voilà peut-être une petite piste d’espoir ?
Small groups have the ability to impact the World. Les petits groupes jusqu’aux individus eux-mêmes, ont maintenant le pouvoir de faire changer les choses et d’impacter sur le monde. Ils peuvent lancer des messages, amplifier leur voix par le pouvoir des réseaux sociaux, créer des mouvements par leur contestation, faire partager ou pas leurs opinions. Plutôt que de subir le monde, ils tentent de le recréer, guidés par leurs envies et motivés par leurs projets. La SU les encourage à persévérer en ce sens et à ne pas se laisser envahir par le découragement. Elle reprend à son compte, mais en d’autres termes, la parabole du colibri qui inspire les mouvements écologistes. Commencer par se faire entendre, avant de se faire écouter, ajoute-t-elle. Voilà qui peut conduire vers un peu plus de démocratisation. C’est aussi le message qu’elle cherche à faire passer quand elle décline ce qu’elle appelle le « cadre exponentiel » de la 6D (digitized – deceptive – disruptive – dematerialize – demonetize – democratize).
What are your Moonshots ? La meilleure façon de prédire l’avenir, de connaître son futur, est assurément de le faire soi-même. Il faut donc, selon la SU, reprendre le pouvoir sur son devenir et pour cela suivre ses envies en tentant ses propres expériences. Il ne faut pas avoir peur de l’échec, bien au contraire. En anglais, ne traduit-on pas « prendre des risques » par « take a chance » ? Il faut sortir de son petit confort et « expand the range of the possible ». Rien ne nous empêche d’investir dans nos rêves et jusqu’aux plus fous. Il ne faut rien s’interdire… pas même l’idée de partir marcher ou bondir sur la Lune. Chacun d’entre nous doit avoir son « Moonshot », sa cible inatteignable. Pour Peter DIAMANDIS, deux qualités s’avèrent indispensables pour y parvenir, celles qui nous permettent de rester optimistes et capables de réussir dans ce monde qui bouge sans cesse : la curiosité et la passion.
Il faut garder son optimisme en toutes circonstances et se dire que rien ne peut nous empêcher de réussir, pas même le manque de « quoi que ce soit ». A ce propos, tout est disponible pour la SU. Il n’y a pas de denrées rares ou périssables. Contrairement à la pensée commune, elle affirme que l’humanité est en situation d’abondance et que si ce n’est sur notre planète, nous avons les moyens aujourd’hui de commencer à en explorer (exploiter) d’autres. Leur discours est aux antipodes de celui des altermondialistes. La pénurie n’existe pas pour la SU ! Elle le martèle avec ses mots : « Abundance, the future is better than you think » et au travers d’un ouvrage dont Bill Clinton lui-même s’est fait le VRP. Parmi les meilleures ventes sur Amazon depuis qu’il a été édité, voilà qui aide aussi à se faire une place dans la pensée globale !
What do you need to know ? How do you like to learn ? Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Aujourd’hui, les enfants impriment naturellement (« children print natively ») ! Ils veulent apprendre différemment ! Pour la SU, le temps est venu pour la « 3D education ». Celle-ci doit suivre le mouvement d’une transition exponentielle et se transformer drastiquement. On ne peut continuer à enseigner de la même façon avec des élèves alignées écoutant sagement le maître qui leur parle. Il faut changer les postures et créer davantage d’interactivité entre les « apprenants » et les « sachants ». Images à l’appui, la SU nous montre comment une petite fille de huit ans est aujourd’hui capable d’expliquer à des adultes le maniement d’une micropipette dans un laboratoire de microbiologie (« leading the class »). La question n’est donc plus de se demander ce qu’il faut savoir ou enseigner, mais comment on a envie d’apprendre.
Pour cela, il est urgent d’imaginer des environnements qui soient davantage propices à l’apprentissage (« Learning environment ») et au partage entre pairs (en « peer-to-peer »). C’est un chemin plus compliqué et peut-être moins exponentiel que la trajectoire de la fusée de la SU, car il n’est pas facile de concilier les temps,… « the future is coming soon, on est bien d’accord, « but education is slow ! ».
Robots are coming,… and they are learning. Aujourd’hui, les robots envahissent notre vie. Ils vont continuer à le faire. Ils s’imposent de manière progressive dans nos environnements personnels et professionnels en s’appropriant les espaces qui s’offrent à eux, jusqu’au plus infimes. Ils ne sont pas encore tous d’une performance exceptionnelle, mais progressent rapidement. Ils apprennent comme les enfants à l’école et leurs maîtres constatent chaque jour, un peu plus, leurs progrès fulgurants. Ils se perfectionnent au fur et à mesure de l’avancée des technologies, que ce soit dans les laboratoires de recherche ou sur le terrain quand ils font leurs premiers pas. Théoriquement, rien ne leur sera plus impossible avec le temps. Au plus sceptiques d’entre nous, la SU rappelle que personne au début du XXème siècle n’aurait pu croire que l’homme était capable de marcher sur la Lune. Aussi, qu’on se le dise,… à l’impossible, nul robot n’est tenu !
Les gens ont peur des robots nous assure Brad TEMPLETON (Networks & Computing Chair at SU). Peut-être parce qu’ils ne les connaissent pas ? Ils ne les fréquentent pas encore régulièrement. On peut leur associer de nombreux défauts comme ceux de détruire de l’emploi ou de la liberté,… voire de l’humanité. La SU s’interroge sur le fait que les gens affirment ne pas vouloir être tués par des robots, alors qu’ils acceptent de l’être par des drogues ou des polluants. L’aspirateur qui se déplace seul dans la maison, pour faire aujourd’hui le ménage, se transforme progressivement en un robot multifonctions capable d’assurer diverses taches sans rapport avec le nettoyage, comme celles par exemple de tout contrôler en termes de sécurité. On fabrique aujourd’hui des voitures qui sont de véritables ordinateurs. Elles commencent à se piloter seules et trouver elles-mêmes leur chemin. Celles qui sont prototypées par Google ou d’autres compagnies s’avèrent déjà être bien plus sûres qu’avec un pilote chevronné au volant. Elles sont capables de se garer sans aucune aide et peuvent aussi se déplacer entre les obstacles, tout en respectant le code de la route, avec une dextérité incroyable. Elles pourront bientôt assurer d’autres tâches qui n’ont rien à voir avec celles des voitures actuelles, comme par exemple de stocker, puis de distribuer de l’énergie électrique dans un smart grid ! Les voitures se transforment en ordinateurs, alors que Google devient un ordinateur avec des roues…
L’homme augmenté. Des « wearables » aux « implantables »,… de ce que l’on porte à ce que l’on se fait implanté, il n’y a qu’un petit pas pour la SU. Petit pour l’Homme,… pour l’Humanité ? La question reste posée. Des humains « augmentés » deviennent aujourd’hui capables de presque tout et ceci grâce aux technologies du numérique. Ils peuvent se faire implanter des puces RFID sous l’épiderme afin de communiquer directement avec les objets,… quitte à devenir eux-mêmes des objets connectés ! Pour cela, quelques secondes suffisent avec le concours d’un professionnel du piercing. Une petite anesthésie locale, une injection rapide sous-cutanée de la fameuse puce aux allures de dragée moderne, quelques gouttes de sang en signe de sacrifice et vous voilà immédiatement « augmenté » ! La démonstration nous est faite en « direct live » sur la scène du théâtre Delamar, à l’endroit même où se sont succédé les intervenants de la SU. Sous nos yeux étonnés et avec tous les détails, grâce aux gros plans d’une caméra high-tech, Raymond Mc CAULEY (Chair of the Biotech Track at SU) se fait implanter un puce RFID dans l’angle de la main, entre le pouce et l’index. Il l’utilisera dès le lendemain matin dans les locaux de Deloitte à Amsterdam pour nous montrer sur grand écran en quoi il est devenu « augmenté »… capable maintenant de se passer de mots de passe ou de clés USB !
L’homme « augmenté » est connecté 24 heures sur 24. Il est devenu son propre système d’informations en liaison non-stop avec ses réseaux personnels et professionnels. Cela peut paraître effrayant, mais pas pour la SU. Cela semble presque naturel de les entendre dire que si vous oubliez votre smartphone à la maison, alors vous devenez moins « humain », puisqu’il vous sera alors impossible de communiquer ! On nous dit que la technologie est non seulement omniprésente, mais qu’elle nous est devenue indispensable, même pour réaliser ce que nous faisions avant et sans elle. Omnipotente, elle prétendra bientôt nous donner tous les pouvoirs !
L’un d’entre eux est le « Big data ». C’est assurément la richesse de demain pour les grands comme pour chacun d’entre nous. La possession de données donne le pouvoir. Chacun peut se constituer sa propre richesse et pas uniquement GAFAM. Un enfant en Afrique possède aujourd’hui sur son portable plus d’informations que Bill Clinton quand il était président des Etats-Unis. Qu’en sera-t-il demain ?
Work together to have new ideas ! Voilà sans doute le secret de l’innovation, selon Daan ROOSEGAARDE (Artist & Innovator), l’intervenant le moins californien du colloque, mais tout aussi singulier. C’est la rencontre entre les technologues et les designers qui nous permet de nouvelles opportunités, qui nous ouvre de nouveaux champs d’innovation. Elle nous laisse marier le pragmatique au poétique. Travailler ensemble pour avoir de nouvelles idées. Collaborer en mélangeant des profils différents pour élargir le champ des possibles en termes de créativité et d’innovation. Il suffit juste de constituer les bonnes équipes en réunissant celles et ceux qui ont envie de travailler ensemble. « Bringing the right people together », voilà le secret de Daan ROOSEGAARDE ! Cela peut conduire à des réalisations exceptionnelles comme celle du « Lotus Dôme », sculpture moderne et vivante exposée en 2013 dans l’Eglise Sainte-Marie Madeleine à Lille ou de la « Glowing Line », une portion d’autoroute « intelligente » qui s’illumine aux Pays-Bas.
C’est dans ce domaine que la SU ne jure pas « 100% technologies » ou « 100% transhumanisme », quand elle dit qu’il faut créer des environnements qui engagent les personnes. Enfin, l’humain qui retrouve une petite place au milieu de tout ce « Techno-land ». Les nouveaux processus d’innovation ne conduisent pas seulement à imaginer, puis créer de nouveaux produits grâce aux progrès de la science. Ils peuvent et doivent rendre fiers celles et ceux qui les réalisent. Pour innover, il faut nécessairement se connecter avec les autres, différents de soi, et cela ne peut se faire qu’en sortant de sa petite zone de confort. La SU apporte sa touche en affirmant que les « disrupteurs » ont vingt ans et qu’ils ont toujours eu vingt ans car ce sont eux qui osent changer les choses en cassant les règles.
Yes, but… Ceci-dit, rien n’est facile. Face à toute proposition d’innovation, on se retrouve devant le syndrome du « oui, mais… ». Le « yes, but… » est la réaction la plus fréquente quand une nouvelle idée est mise sur la table. Ce sont en effet les deux premiers mots qui viennent à la bouche de ceux à qui on tente d’expliquer qu’il y a une autre manière de voir les choses, de fabriquer un produit ou de concevoir un service,… bref, de faire quelque chose d’innovant. Dan ROOSEGAARDE nous montre ainsi une chaise « yes but » qu’il prétend innovante et acceptée immédiatement par tout le monde. C’est de l’ironie car, même si est très belle avec un design super modèle,… elle possède tous les attributs classiques de ce que l’on attend culturellement d’une chaise, c’est-à-dire un plan d’assise, un dossier et quatre pieds. Alors est-elle vraiment innovante ?
Une transition « exponentielle » pour les organisations du même nom. La courbe exponentielle de la SU nous amène irrémédiablement vers le positif et le bien de l’humanité. C’est tout au moins ce que ses leaders et adeptes prétendent. Pour l’organisation américaine, que j’ai « parfois » quelques difficultés à appeler « université », c’est le progrès des technologies qui constitue le véhicule de notre bonheur. Sorte de fusée en pilotage automatique et à la trajectoire déjà dessinée,… A se demander d’ailleurs où est le pilote… ou même s’il en faut un, finalement ? Quelle place pour l’homme, par exemple dans une décision qui irait en sens inverse de cette courbe dont on nous dit qu’elle est invariablement programmée vers le haut ? La question qui reste posée,… ne le sera pas à Amsterdam.
En conclusion, ce qui est paradoxal dans la démonstration de la SU, alors qu’elle prétend regarder loin devant elle, est que son raisonnement est basé sur un mouvement à trajectoire sans cesse exponentielle et donc qu’il est peut-être finalement à… court terme ? En effet, comment imaginer que cette courbe à l’infini, sans prémisse d’aucun point d’inflexion ou de plateau à moyen terme, puisse être durable ? Comment imaginer qu’une planète peuplée d’êtres humains puisse se laisser embarquer dans une fusée à la trajectoire ainsi programmée ? Cette question n’effleure personne au NASA Research Park où toute la communauté de la SU est persuadée de se trouver sur le bon chemin.
Alors je me demande,… et si les taches noires et blanches n’étaient pas celle d’un dalmatien reniflant le sol ? La réponse se trouve peut-être dans leur dernier ouvrage : « Exponential organizations, why new organizations are ten times better, faster, and cheaper than yours (and what to do about it) » SALIM ISMAIL, MICHAEL S. MALONE & YURI VAN GEEST, à moins qu’elle ne soit abordée lors de leur prochain European Summit à Séville (Espagne) du 12 au 14 mars 2015 ? The show must go on !
Notes de Jean-Charles Cailliez, 29 décembre 2014_____
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Un participant au programme de formation de la Singularity University (Etats-Unis) // © Kim KULISH/REA
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La Singularity University, le progrès à tout prix
Fondée par les millionnaires de la Silicon Valley, la Singularity University initie les cadres du monde entier aux technologies de demain à travers des formations très coûteuses. Controversé, l'établissement est venu prêcher la bonne parole en Europe lors de son deuxième sommet à Amsterdam, les 19 et 20 novembre 2014.
Plus de 500 cadres d'entreprises européennes mais aussi des représentants d'HEC et de l'Université catholique de Lille ont payé 2.000 euros pour assister au deuxième sommeteuropéen de la Singularity University, les 19 et 20 novembre 2014, à Amsterdam (Pays-Bas). Sur scène, les conférenciers parlent robotique, biotechnologie, technologie exponentielle, disruption... Raymond McCauley se fait même implanter en live une puce RFID (Radio Frequency Identification) dans la main.
LIRE AUSSI
Singulière singularité 17.11.2014
Lancée en 2008 par plusieurs millionnaires de la Silicon Valley, la Singularity University s'est imposée comme l'interlocutrice incontournable pour connaître les technologies de demain, naviguer près des zones d’invention et se tenir en alerte sur les nouveaux marchés. Pour autant, la Singularity University n’est pas une université. Elle n'a pas de laboratoire de recherche à proprement parler et ne délivre pas de diplôme au sens propre. Elle propose des programmes de formation vendus des dizaines de milliers de dollars à des entrepreneurs ou des cadres dirigeants sur son campus hébergé par la NASA et disposant d'équipements de pointe.
Surtout, elle prêche une foi totale en la technologie qui réglera tous les problèmes du monde, un droit absolu de l’individu à agir sur son corps et un enthousiasme béat devant la capacité de l’homme à modifier le vivant – quitte à aller jusqu’à l’eugénisme sans cligner des yeux. Parfois considérée comme une secte, la Singularity University séduit cependant par ses ambitions et par sa capacité à mobiliser des fonds.
LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE POUR ADN
Si la France cherche à améliorer le transfert technologique entre la recherche et l’industrie, à l’aide de SATT, Instituts Carnot, et autres structures institutionnelles, la Singularity University mise sur la compétition et l'argent. Pour attirer des candidats à son “ Graduate Studies Program”, un programme de développement de start-up de 10 semaines, elle a mis en place des concours par pays, les “Global Impact Competitions”, pour tout entrepreneur dont "l’idée peut impacter positivement un million de personnes". En 2014, ce programme, qui coûte 30.000 dollars si on ne trouve pas de bourse, a accueilli 80 personnes de 34 pays différents.
Le cofondateur de Singularity University, Peter Diamandis, propose également, à travers sa fondation XPrize, des récompenses mirobolantes pour qui présentera une solution aux "grands challenges" de l’humanité. Ainsi, deux millions de dollars sont promis à ceux qui arriveront à créer des pHmètres fiables, précis et utilisables pour comprendre l’acidification des océans. 15 millions de dollars sont aussi débloqués pour les équipes répondant au “global learning prize”. L’enjeu est de développer un logiciel open source qui permettra aux enfants des pays en développement d’apprendre par eux-mêmes à lire, écrire, compter.
Pour atteindre ses ambitions, la Singularity University s'appuie sur des groupes comme Google, Nokia ou encore Genentech, cofondateurs du projet, qui apportent leurs fonds et leurs expertises. Les voitures sans chauffeur, les imprimantes 3D, la réalité augmentée... l'établissement se situe au cœur de cet écosystème créatif dont chaque nouvelle application secoue un pan entier de l’économie traditionnelle. Le futur proche ne s’invente pas nécessairement en son sein, mais la SU et ses fondateurs seront certainement parmi les premiers à en tirer profit.
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