Après que l’ONU a publié fin juillet ses nouvelles estimations sur l’évolution de la population mondiale, c’est désormais au tour de l’INED, via la revue Populations & Sociétés, d’offrir un panorama de la démographie planétaire et de proposer ses propres projections pour 2050.
Cette étude, éditée tous les deux ans sous la plume de Gilles Pison (1), permet d’établir un comparatif régulier et de voir comment évoluent, non seulement la population, mais également nos anticipations sur celle-ci. Pas de surprise bien sûr, l'ONU et l'INED parviennent à des résultats très semblables.
Voici les principales données, les estimations sont fournies pour la mi-année. Sources : document cité ci-dessus et versions précédentes
Concernant les projections, on note d’après l'INED comme d'après l'ONU une hausse sensible des effectifs attendus et le chiffre de 10 milliards de terriens qu'il y a 15 ans encore, on imaginait pour la fin du siècle ne semble pas devoir être loin d’être atteint dès 2050 (9,7 selon l’ONU, 9,8 selon l’Ined). Cette hausse conjointe et régulière du niveau des projections de la part de deux des sources démographiques parmi les plus sérieuses et les plus fiables devrait conduire à une certaine inquiétude de la part des démographes.
Démographie : Les projections de l'INED
Après que l’ONU a publié fin juillet ses nouvelles estimations sur l’évolution de la population mondiale, c’est désormais au tour de l’INED, via la revue Populations & Sociétés, d’offrir un panorama de la démographie planétaire et de proposer ses propres projections pour 2050.
Cette étude, éditée tous les deux ans sous la plume de Gilles Pison (1), permet d’établir un comparatif régulier et de voir comment évoluent, non seulement la population, mais également nos anticipations sur celle-ci. Pas de surprise bien sûr, l'ONU et l'INED parviennent à des résultats très semblables.
Voici les principales données, les estimations sont fournies pour la mi-année. Sources : document cité ci-dessus et versions précédentes
Population globale (en millions)
2005 2007 2009 2011 2013 2015
Afrique 906 944 999 1 051 1 101 1 171
Amérique 888 904 920 942 958 987
Asie 3 921 4 010 4 117 4 216 4 305 4 397
Europe 730 733 738 740 740 742
Océanie 33 34 36 37 38 40
Total Monde 6 477 6 625 6 810 6 987 7 143 7 336
On peut déduire de ces chiffres l’évolution du taux de croissance mondial :
De 2005 à 2007 + 148 millions d’habitants soit + 74 par an ou + 1,1 %
De 2007 à 2009 + 185 millions d’habitants soit + 92 par an ou + 1,5 %
De 2009 à 2011 + 177 millions d’habitants soit + 88 par an ou + 1,3 %
De 2011 à 2013 + 156 millions d’habitants soit + 78 par an ou + 1,1 %
De 2013 à 2015 + 193 millions d’habitants soit + 96 par an ou + 1,4 %
Evolution des taux de fécondité (indice synthétique de fécondité)
2005 2007 2009 2011 2013 2015
Afrique 5,1 5,0 4,8 4,7 4,8 4,7
Amérique 2,4 2,2 2,2 2,1 2,1 2,0
Asie 2,5 2,4 2,3 2,2 2,2 2,2
Europe 1,4 1,5 1,5 1,6 1,6 1,6
Océanie 2,1 2,1 2,5 2,5 2,4 2,5
Total monde 2,7 2,7 2,6 2,5 2,5 2,5
Evolution des projections pour 2050
Etude INED 2009 : 9,4 milliards, rappel projections de l’ONU : 9,1 milliards
Etude INED 2011 : 9,6 milliards, rappel projections de l’ONU : 9,3 milliards
Etude INED 2013 : 9,7 milliards, rappel projections de l’ONU : 9,6 milliards
Etude INED 2015 : 9,8 milliards, rappel projections de l’ONU : 9,7 milliards
Sans surprise, se confirme donc la montée de l’Afrique comme futur géant démographique puisqu’avec un taux de fécondité de 4,7 (en baisse légère, il était de 4,8 en 2013), ce continent devrait, au cours de cette première moitié de siècle, passer d’à peine plus de 800 millions d’habitants à presque 2,5 milliards soit une multiplication par 3 en cinquante ans ! La transition démographique tarde à s’y établir. Les taux de fécondité en Afrique du Nord restent élevés alors qu’on attendait dans ces régions une convergence avec la situation de l’Occident développé. Ces taux augmentent même spectaculairement en Egypte atteignant 3,5 enfants par femme (3,0 en 2013 et 2,9 en 2011), il s’agit en outre du pays le plus peuplé de la région en nombre (89 millions) comme en densité si on la ramène à la surface habitable. Le Niger conserve son record de fécondité avec 7,6 enfants par femme ! Rare bonne nouvelle en Afrique, le Nigéria voit son estimation redescendre pour 2050 de 444 à 397 millions (il va de soi toutefois que ces chiffres doivent être pris avec prudence, les statistiques et moins encore les projections ne pouvant être considérées comme excessivement précises dans ce pays où des rectifications ont déja été nécessaires en la matière).
L’Asie, qui reste le continent le plus peuplé (4,4 milliards), ne parvient pas à faire baisser sa fécondité (2,2) et devrait encore gagner un milliard d’habitants d’ici 2050. Il se confirme que l’Inde (1,3 milliards d’habitants et 2,3 de fécondité) dépassera bientôt la Chine, - un peu moins de 1,4 milliard - qui, exemple remarquable, avec une fécondité de 1,7 devrait connaitre d’ici 2050 une stabilisation de sa population, et même peut-être une très légère régression.
En Europe, la France partage avec l’Irlande (mais sur une autre échelle évidemment) le record de fécondité (2,0). Les estimations pour 2050 donnent 72 millions d’habitants sur le territoire métropolitain. La fécondité globale du continent (1,6) reste inférieure au seuil de renouvellement des générations mais l’Europe, bien sûr, reste un territoire d’immigration.
De son côté, l’Amérique devrait encore gagner 230 millions d’habitants d’ici la moitié du siècle et atteindre 1,2 milliard. Notons que les Etats-Unis gardent un taux de fécondité élevé (1,9) pour un pays développé; c’est une constante qui les différencie de l’Europe. La projection globale pour l’ensemble du continent est en légère diminution par rapport à celle de 2013, sauf pour le Mexique pour qui l'estimation pour 2050 a été relevée de 150 à 164 millions, la fécondité y ayant d’ailleurs été revue à la hausse.
Sur le monde entier, il semble que la baisse de la fécondité marque une pause à 2,5 par femme maintenant depuis 4 ans . Pause qui pourrait expliquer la hausse des projections puisque, rappelons que ces projections anticipent une baisse sensible de la fécondité (si ce n’était pas le cas, la population exploserait littéralement).
Il est difficile de tirer des conclusions des chiffres de l'augmentation annuelle de nos effectifs mondiaux. La forte variabilité de la croissance sur ces périodes (de + 148 à + 193 millions d’habitants sur deux ans) s’explique sans doute par une relative incertitude sur les chiffres globaux de la population. Les démographes eux-mêmes ne prétendent pas à une précision meilleure que 1 % sur les données globales.
Concernant les projections, on note d’après l'INED comme d'après l'ONU une hausse sensible des effectifs attendus et le chiffre de 10 milliards de terriens qu'il y a 15 ans encore, on imaginait pour la fin du siècle ne semble pas devoir être loin d’être atteint dès 2050 (9,7 selon l’ONU, 9,8 selon l’Ined). Cette hausse conjointe et régulière du niveau des projections de la part de deux des sources démographiques parmi les plus sérieuses et les plus fiables devrait conduire à une certaine inquiétude de la part des démographes. Cela n'est que très moyennement le cas, et certainement pas suffisamment pour attirer l’attention des écologistes sur la question, puisque la prochaine conférence sur le climat - la COP21 - semble devoir quasiment faire silence sur le facteur démographique.
C'est la catastrophe pour les générations futures.
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