2018/03/29

2018 03 29 Rapport Villani et stratégie IA de la France

Rapport Villani et stratégie IA de la France
Les leçons à tirer pour l'écosystème numérique


Le rapport de la mission Villani sur l’intelligence artificielle, intitulé « Donner un sens à l’intelligence artificielle : Pour une stratégie nationale et européenne », remis le 29 mars 2018 au Président de la République, a pour objectif de formuler des recommandations autour de la stratégie à adopter en matière d’IA.

Après cette présentation du rapport par Cédric Villani, Emmanuel Macron, Président de la République, a annoncé la stratégie nationale de l'IA en France qui prend appui sur les pistes d’actions concrètes présentées dans le rapport Villani.
Rapport Villani Couverture
Les recommandations du rapport et les axes de la stratégie annoncés montrent que l’État a pris la mesure du rôle que va jouer l’intelligence artificielle dans tous les domaines de la vie sociale et économique. Tout l'écosystème numérique est mobilisé. Les grandes entreprises françaises portent une responsabilité importante dans le déploiement de la stratégie française parce qu'elles possèdent de nombreuses bases de données, en particulier des données sectorielles - qui constituent un atout majeur pour la France et l'Europe vis-à-vis des grandes plateformes - et parce qu'elles contribuent à l'émergence des écosystèmes de recherche et d'innovation dans le domaine de l'IA.
Le rôle des entreprises dans la valorisation de l’IA en France
Le rapport Villani porte moins sur la définition des conditions de réalisation d’un leadership industriel français que sur la façon dont l’Etat peut agir sur les différentes sphères de la société qui sont et seront impactées par l’IA. L’Etat veut ici donner l’impulsion, jouer son rôle de tiers de confiance et de facilitateur dans le domaine de l’IA. Tous les acteurs de la société sont impliqués dans cette stratégie, et notamment les entreprises françaises, qui doivent se mobiliser. Il faut prendre le relais dès maintenant ! 

Le rapport Villani insiste sur plusieurs points, qui pourront interpeller les entreprises françaises :
- Mutualiser les données entre les entreprises :
« Une étude de 2017 financée par l’Union européenne établissait qu’environ 90% des entreprises interrogées affirmaient ne pas partager leurs données avec d’autres entreprises (Hofheinz & Osimo, 2017)» (Cf. p. 30 du rapport).
Le Cercle IA du Cigref propose à ce sujet d’imaginer des plateformes d’expérimentation inter-entreprises de systèmes d’IA : cette ouverture sur des données aussi diversifiées que possibles pourra favoriser l’apprentissage d’algorithmes qui pourront être utiles à la communauté des entreprises françaises, renforcer leur autonomie, générer de nouveaux usages et créer de la valeur. Le principal frein à cette ambition sont les silos organisationnels qui bloquent encore trop souvent le partage et l’ouverture des données.
Se différencier via des plateformes sectorielles :
Le rapport Villani note que « le premier acte de la « bataille de l’IA » portait sur les données à caractère personnel. Cette bataille a été remportée par les grandes plateformes. Le second acte va porter sur les données sectorielles : c’est sur celles-ci que la France et l’Europe peuvent se différencier ». (Cf. p. 31)
La puissance publique veut ainsi encourager le partage de données privées, via des politiques incitatives, en misant sur la richesse « des niches d’excellence » de notre économie.
Participer à l’émergence d’acteurs français de l’intelligence artificielle et valoriser la collaboration avec la recherche : 
Le rapport Villani rappelle que la « fuite des cerveaux » nous incite à repenser les cadres de formation et de valorisation des talents. Les acteurs innovants doivent également être plus visibles et les entreprises ne devraient plus hésiter à « faire confiance à nos pépites nationales ». Le rapport propose par exemple de créer un guichet unique d’information « visant à aider les potentiels acheteurs d’IA à mieux formaliser leurs besoins et à identifier les acteurs permettant d’y répondre » (Cf. p. 15)
Développer des solutions d’IA au service de la transition écologique :
Les systèmes d’IA sont en effet très gourmands en termes de consommation énergétique. Il est donc nécessaire d’optimiser l’utilisation de cette énergie, dès la conception de ces systèmes et tout au long de leur cycle de vie. Les architectures ouvertes de matériels et logiciels permettent par exemple une économie significative d’énergie. Le rapport propose la mise en place d’un label qui permettra de « valoriser les solutions les plus exemplaires » (Cf. p. 20).


Les quatre piliers de la stratégie IA, présentés par Emmanuel Macron
Le Président de la République a dévoilé la stratégie de la France dans le domaine de l'Intelligence artificielle, fidèle aux lignes de force du rapport Villani, autour de quatre grands piliers :
Stratégie IA par le Président de la Répubilque

1 - Conforter les écosystèmes de recherche en IA et la formation des talents : « L’excellence de notre recherche sera le terreau de nos champions industriels futurs. » (E. Macron)
2 - Développer une politique économique structurée autour de la donnée : Le Président appelle à une mobilisation générale autour de l'ouverture et de la mutualisation des données.
3 - Définir un cadre de financement public pour une stratégie industrielle française et européenne concentrée sur 4 secteurs prioritaires : Santé, Transports, Défense, Agriculture & environnement
4 - Construire un cadre éthique et politique favorable et conforme aux valeurs de l’Europe

En résumé
Le rapport Villani porte une très belle ambition, une réflexion de qualité qui embrasse différentes facettes de l’IA à travers la politique économique, la recherche, l’éthique, l’emploi, l’écologie, la cohésion sociale dans son ensemble.
Même s’il reste des points d’interrogation, notamment sur la structuration des prochaines étapes de la stratégie annoncée par le Président de la République, sur le leadership politique pour la piloter et l'incarner, et sur les moyens budgétaires dédiés, cet engagement politique a créé une dynamique qui doit inciter les entreprises et tout l’écosystème du numérique à s'engager dès maintenant dans la mise en œuvre de cette stratégie pour créer les conditions économiques de son succès.
Henri d’Agrain
Délégué général
Flora Fischer
Chargée de mission



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