Une cuisinière à charbon, sa tête arrive à peine aux plaques à feu. Une chaude atmosphère faite de bruits renouvelés quotidiennement. La douceur de l'étoffe de la robe auprès de laquelle il se presse et qui appartient à une femme, mais dont la tête est infiniment trop haute pour qu'il puisse la distinguer.
Et puis cet escalier monumental, comme une cathédrale : sa première victoire lorsqu'il cesse de le descendre un pied après l'autre. Ce vaste escalier est l'axe central de la maison.
Du balcon que forme le palier du premier étage, il lance mille choses, et suit leurs trajectoires avec émerveillement jusqu'au rez-de-chaussée.
La cuisine immense, encombrée, pleine de suie jaune avec de vieilles tables en bois donne sur le rez-de-chaussée par une porte voutée. A mi escalier, à travers les barreaux Louis XIV de la rampe il regarde rêveusement comme pétrifié maman indiquée à une jeune femme où sont rangées les choses de la cuisine.
Tout se passe comme dans un rêve jusqu'à l'approche du départ pour l'école.
Le seul déchirement est au moment du coucher, de laisser partir maman. Se retrouver seul dans la nuit, dans le noir, c'est comme la mort. Mais tel un opéré que l'on anesthésie il glisse sans transition dans le sommeil.
Un rêve revient de nuit en nuit : il est en haut de cet escalier au milieu de la maison et voilà qu'au-lieu d'avancer un pied il laisse partir tout son corps et descend en effleurant les marches sans s'y appuyer, glissant ainsi jusqu'en bas à une vitesse vertigineuse.
Pendant le jour, au bord de l'escalier, il se prépare plusieurs fois à se lancer la tête la première. Cela ne semble être qu'une histoire de volonté.
Son frère ainé. Nicolas, qui a dix ans de plus que lui, joue au train électrique et est passionné de sciences et notamment de chimie. Il installe dans le jardin une petite table avec des verres remplis de liquide incolore, qu'il affirme être que de l'eau. Et puis en les versant l'un dans l'autre il les fait changer de couleur, les transformant à sa volonté en sirop à la menthe ou en vin. Sournoisement Olivier demande à Nicolas s'il peut boire de ces liquides aux couleurs infiniment plus rutilantes que la réalité qu'ils sont censés imiter. Mais Nicolas le détourne de cette entreprise avec un air grave !
Les plantes ont quelque chose d’amicale dans leur manière de végéter, Olivier est fascine que les fourmis puissent tomber de très haut sans se faire mal.

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